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La fausse solution des eurobonds

vendredi 1er juin 2012, par Frédéric Lordon

Au point où le destin de la zone euro, et en fait de l’Union tout entière, se trouve rendu à l’alternative radicale de l’explosion ou du fédéralisme complet, il semble bien que vae victis soit la réponse, malheur aux vaincus, aux demi-habiles et aux faux visionnaires, architectes prétendus d’une grandiose construction politique mais sans la moindre culture politique, ou du moins persuadés que l’ingénierie des pactes fiscaux pouvait leur en tenir lieu. Il est à craindre en effet que les ouvriers paniqués de la onzième heure ne puissent accomplir ce qui aurait dû être entrepris depuis très longtemps, mais à quoi en fait ils se sont toujours refusés, et que le temps compté d’une crise aigüe ne leur laissera pas accomplir : la construction d’une souveraineté démocratique européenne. Par quel miracle d’ailleurs les apprentis néo-démocrates pourraient-ils retrouver, en fait même trouver tout court, les voies d’une réintégration des peuples quand leurs efforts les plus constants n’auront eu de cesse de les tenir écartés depuis l’origine ? Fidèles à leurs réflexes incorporés et dans l’effroi de la destruction imminente, c’est de nouveau par la voie de l’ingénierie financière que les gouvernants européens pensent se sauver et finalement repousser encore un peu le moment politique fatidique.

Les eurobonds (façon Capitaine Haddock) Retour à la table des matières

L’argument des eurobonds commence maintenant à être suffisamment bien connu pour qu’il soit nécessaire de s’y appesantir : la zone euro connaît des tourments hors de proportion avec ses données macroéconomiques consolidées : considérée dans son ensemble, elle affiche un déficit de 4,1 points de PIB et une dette publique de 87,2 points de PIB à la fin 2011 [1], soit une meilleure performance à tous égards que les États-Unis (9,6 % et 102,9 %) [2] ou le Royaume-Uni (8,3 % et 85,7 %) [3] – et quoique ce dernier ne perde rien pour attendre : la politique d’austérité y sera, y est déjà, aussi meurtrière que n’importe où ailleurs, et sans l’Europe pour faire aimablement diversion, on peut parier que les marchés financiers le prendraient rapidement à partie pour son ratio de dette voué à la même dérive que tout le monde. Si les données financières agrégées de la zone euro se comparent plus que favorablement à celles de ses homologues, il ne tiendrait donc qu’à une homogénéisation semblable de ses marchés de dettes publiques de « calmer la défiance », obtenir des taux d’intérêt avantageux, et sortir de la crise avec les honneurs.

On notera cependant que l’idée générale des eurobonds aura donné lieu à des versions fort différentes : pour les uns, c’est la part des dettes publiques nationales inférieure à 60 % qui devrait être mutualisée ; pour les autres au contraire, ce serait la part supérieure à 60 %… Faut-il le préciser, les propriétés respectives des deux formules n’auront pas grand-chose de commun ? Formulé en premier, le projet « en dessous de 60 % » porte l’empreinte de l’époque (2010) à la fois si proche et si lointaine où la crise n’avait pas encore pris le tour cataclysmique d’aujourd’hui, et il est comme marqué par un reliquat de prudence conçu pour ne pas effrayer « nos amis allemands ». Cependant, si le plafonnement à 60 % de la dette mutualisée a bien pour avantage (germano-compatible) de limiter les effets d’aléa moral, les États responsables de la dette excédante se trouvant par là supposément incités à ne pas la laisser diverger, la formule a évidemment pour inconvénient symétrique de ne pas régler fondamentalement le problème d’éventuels surendettements : on sait désormais de connaissance certaine ce que valent les incitations en question, et que les ratios de dette peuvent aller très loin au-delà de 60 % ! Gagner 4 ou 5 points de taux d’intérêt sur les 60 % mutualisés, la chose est sans doute fort bonne à prendre, mais continuer à payer le prix fort sur les 40 (Portugal), 60 (Italie), ou 100 (Grèce) points de PIB de dette excédentaires non couverts par le dispositif n’est pas exactement une assurance tout-risque contre la possibilité d’un défaut souverain.

La formule « au dessus de 60 % » a évidemment les propriétés rigoureusement inverses : la mutualisation de la part de dette « à problème » – précisément celle qui excède et peut diverger – annule le risque d’un défaut individuel… mais libère l’aléa moral, c’est-à-dire la douce négligence qui suit pour un État-membre de se savoir agréablement dilué dans la masse financière européenne où ses débords compteront pour rien – ou bien s’ils comptent, se trouveront amortis par les autres. Comme le capitaine Haddock, au dessus ou au dessous de la couverture, il va falloir choisir. En vérité, la situation européenne a sans doute déjà passé ce point de détérioration qui ne laisse plus qu’une seule solution pertinente – au dessus évidemment, si pas même en totalité.

Mais cette solution en est-elle vraiment une ? Il faudrait commencer par la faire avaler à l’Allemagne… Or on ne voit que trop les raisons accumulées qui la dissuadent de s’y rendre. L’Allemagne qui a réussi cette performance, c’était début janvier, de lever sur les marchés des fonds à six mois à taux négatif (-0,01 % !) [4] est à l’évidence celle des 17 qui a le plus à perdre : le taux moyen qui sortira d’une émission d’eurobonds ne pourra jamais qu’être supérieur à celui qu’elle paye actuellement. Sans doute pourrait-on tenter de l’attendrir en faisant valoir que la constitution d’un marché de dette publique européenne homogénéisé, brassant un encours global de 8,2 trillions d’euros [5], le deuxième du monde juste après les États-Unis, offrirait une prime de liquidité telle que, toutes choses égales par ailleurs, le taux d’une eurobond serait inférieur à la simple moyenne pondérée des taux nationaux actuels. Il est à craindre cependant que l’argument ne soit pas tout à fait suffisant – qui ne propose à l’Allemagne que d’y perdre un peu moins...

Les marchés, le tout et les parties Retour à la table des matières

Il le sera d’autant moins que le surcoût de taux d’intérêt est finalement la moindre des objections que l’Allemagne ait à opposer à des eurobonds. La mutualisation des dettes souveraines européennes, ou de leur partie « à problème », produit en effet inévitablement un effet de centralisation avec la constitution d’une agence européenne de la dette, en fait amorce d’un Trésor européen en charge de collecter les contributions nationales au service de la dette « fongibilisée ». C’est ce Trésor européen, et non plus les Trésors nationaux, que regarderont les marchés financiers. Assurément les Trésors nationaux resteront-ils les contributeurs de dernière instance au service de la dette mutualisée dont le Trésor européen deviendra le répondant formel. Mais outre qu’il s’en trouvera bien quelques-uns pour imaginer un mécanisme rendant automatiques-coercitifs les abondements nationaux, le mécanisme de mutualisation produira tous ses effets sur le jugement des créanciers qui regarderont davantage la zone comme un tout, évalué selon sa capacité globale à servir sa dette globale, plutôt qu’en ses parties examinées individuellement et selon la logique caténaire du « maillon le plus faible ». Sinon une péréquation du service de la dette à proprement parler, les eurobonds produiront en quelque sorte une « péréquation de l’évaluation », une « péréquation cognitive » à défaut d’une péréquation financière. Et c’est précisément le but de la manœuvre !

Or c’est tout aussi précisément l’un de ces buts que l’Allemagne n’a aucun désir d’atteindre. Car les eurobonds modifient profondément l’agencement institutionnel qui détermine les rapports de l’intérieur et de l’extérieur de la zone. Dans sa configuration présente par exemple, la zone euro, qui laisse en apparence les États-membres indépendants et face à leurs propres difficultés, les solidarise en fait a minima du simple fait de la co-appartenance politique à l’Union et d’une clause implicite de « non-désintérêt mutuel » – certes formellement déniée par l’article 125 du Traité, mais d’une force politique suffisante pour avoir néanmoins imposé la création d’un Fonds européen de stabilité financière (FESF) et d’un Mécanisme européen de stabilité (MES). Dans cette configuration, le conflit politique intérieur, qui vient des sauvetages sur le mode de la main forcée, induit alors à l’extérieur la déstabilisation financière de paniques spéculatives à répétition. Comme la plupart des mauvais calculs européens, cette solidarité, consentie parce qu’elle était minimale, et par là imaginée comme la plus économe (notamment en externalités fiscales [6]), s’est au contraire révélée la plus ruineuse de toutes, à l’image de ces milieux de gué qui ajoutent les inconvénients des deux bords. La dissension interne y a eu pour inévitable suite la contagion externe, jusqu’au point d’aujourd’hui où l’ensemble même est menacé de périr.

C’est donc le dispositif institutionnel qui règle les effets de l’intérieur sur l’extérieur, et notamment le degré auquel le conflit « de solidarité » des États s’exprime en panique des marchés. L’invraisemblable clause de no bail out dans une Union se prétendant politique à la face du monde a logiquement conduit d’abord à une période de déni absurde avant d’en venir à des opérations de sauvetage trop visiblement contraintes et conduites dans les plus mauvaises conditions : dans un climat de réticence permanente, et par suite de crise aggravée.

Là contre, les eurobonds ont prima facie d’excellentes propriétés dès lors que l’interposition d’un Trésor européen fait écran et produit un effet de découplage, puisque les regards externes peuvent ignorer les tensions internes – en tout cas jusqu’à un certain point, de toute façon bien plus éloigné que le point de déstabilisation présent. Mais ce « certain point », en soi très bénéfique pour la zone considérée dans son ensemble, est beaucoup trop loin du point de vue de l’Allemagne, et lui fait même perdre ce à quoi elle tenait probablement le plus dans la construction européenne : l’installation des marchés de capitaux internationaux comme instance disciplinaire des politiques économiques nationales. C’est bien là en effet une conséquence qui suit – mais par construction ! – de l’effet de découplage propre aux eurobonds : les marchés ne regardant plus que l’institution en charge du service de la dette européenne mutualisée, ils peuvent se désintéresser relativement du détail des politiques économiques composantes. Qu’il y en ait quelques unes de déviantes, la chose est ma foi toujours possible, mais l’effet de consolidation impose sa logique et, au moins en première lecture, c’est le tout qui importe désormais aux yeux des investisseurs.

Ne pas perdre la normalisation
des « partenaires » par les marchés… Retour à la table des matières

On ne dira jamais assez combien, avec la complicité de la France à moitié passive et à moitié idéologiquement consentante, l’Allemagne a pesé pour faire de l’exposition au jugement des marchés financiers la pierre de touche de l’organisation du système européen de politique économique. Et puisqu’on ne le dira jamais assez, alors on va le répéter encore. Dans le grand compromis qui a convaincu l’Allemagne d’abandonner son sacro-saint Deutschmark, il est d’abord entré l’imposition à tous les États-membres européens de son propre modèle de politique économique, par règles, traités et pactes interposés. Mais dans un moment d’ailleurs remarquable de lucidité politique, les dirigeants allemands de l’époque, et notamment Hans Tietmeyer, président de la Bundesbank, ont très bien réalisé que des règles ne valent que ce que valent les dispositifs en charge d’imposer leur respect – en l’occurrence pas grand-chose dans le cadre d’une Union faiblement intégrée entre États souverains. C’est pourquoi il leur a paru indispensable de parachever la construction économique d’ensemble en l’exposant grande ouverte à l’extérieur cœrcitif des marchés financiers, pas seulement européens mais mondiaux, force de frappe du pouvoir de la finance [7] capable de garantir par tous temps (et jusqu’à l’absurde) la normalisation des politiques économiques nationales mieux que n’importe quel système de règles.

C’est cet effet de normalisation que perd l’Allemagne en entrant dans le dispositif des eurobonds qui reconfigure – en l’occurrence sur le mode du découplage relatif – les rapports de l’intérieur (politique) et de l’extérieur (les marchés) de la zone, convertit le regard des créanciers en leur faisant prendre le point de vue consolidé, diminue par mutualisation-dilution l’impact des déviations individuelles… et, au total, abandonne les États dominants, en fait l’Allemagne, à la négociation politique comme unique solution de réduction des divergences économiques…

Que l’exposition aux marchés soit cela-même qui a porté les problèmes de la zone euro aux points d’irrationalité et d’hystérie qu’on sait, l’Allemagne n’en a cure. Elle ne voit en eux qu’un auxiliaire d’une inégalable puissance pour normaliser ses « partenaires » selon son canon. Aussi l’impossibilité de prendre les marchés à témoin à propos des parties la prive-t-elle du seul moyen fiable de cœrcition, dont elle faisait la condition de sa propre appartenance au tout. De fait, ces trois dernières années de crise ont assez montré la force réelle des règles – nulle. Que les marchés lâchent les politiques économiques nationales, ou plutôt soient conduits à se désintéresser relativement d’elles, c’est la réussite principale du dispositif des eurobonds… et pour cette raison même sa tare la plus rédhibitoire aux yeux de l’Allemagne !

…ou bien en faire des protectorats
de politique économique ! Retour à la table des matières

Et pourtant on peut imaginer d’ici rejouée la scène primitive, décidément indépassable, de la construction européenne, scène rendue plus aigüe encore sous le surplomb d’une crise ne laissant que l’alternative de l’effondrement et du dépassement, où l’ultimatum allemand (« à mes conditions sinon rien ! ») est voué à déboucher sur un nouveau compromis réglant bien moins le problème de fond qu’il ne le reconduit en pire. Car la crise, loin d’être une « simple » crise financière, est fondamentalement une crise politique, une crise de ce qu’on pourrait appeler « l’économie générale de la souveraineté », irrésolue tant que l’Allemagne inquiète – on peut d’ailleurs la comprendre – à l’idée de faire monnaie partagée, cherche obstinément les moyens institutionnels de garder sous (son) contrôle la souveraineté économique de ses partenaires – mais c’est cela le pas de trop qui sépare l’inquiétude légitime de l’entreprise insupportable de réduction des autres à la subordination.

Or il ne faut pas douter que c’est bien dans cette direction que persisterait l’Allemagne qui, forcée de négocier un système d’eurobonds, le conditionnerait sine qua non à un approfondissement, mais carabiné, de l’appareil disciplinaire interne, en fait en proportion de l’allègement de l’appareil disciplinaire externe (celui des marchés [8]). Et sans hésiter à aller jusqu’à des clauses de suspension des gouvernements à la moindre dérive, avec prise directe des commandes de leurs politiques économiques nationales par des équivalents-troïkas.

Décidément l’Europe monétaire, sans doute faute de l’avoir posé comme tel, ne se sort pas de son problème originel – problème de la maîtrise des externalités au sein d’une communauté de politiques économiques partie indépendantes, partie solidarisées. Et si le système des eurobonds résout (partiellement) le problème du côté « marchés financiers », par les effets mêmes de la mutualisation-consolidation, il n’y parvient qu’au prix d’un approfondissement de la contradiction du côté « politique », où il reconduit, en la poussant à un point probablement intolérable, la tare congénitale du mépris des souverainetés démocratiques nationales. Les eurobonds en place et le risque d’un défaut souverain (national) quasi annulé, il n’y aura plus à attendre des situations de crise sérieuse pour voir débarquer ces messieurs de la troïka, qui estimeront de leur devoir de s’inviter à la moindre incartade pour remettre à coups de latte dans le droit chemin le déviant à peine sorti des clous. La surveillance constante des politiques économiques nationales, jusqu’à les placer sous un régime de quasi-protectorat, sera ainsi présentée comme la « juste contrepartie » des facilités offertes par les eurobonds, et comme « nécessaire régulation » des effets d’aléa moral qui s’en suivent. Entre TSCG constitutionnalisant des règles d’or et police permanente de la politique économique, des eurobonds sous influence allemande pousseront donc la dépossession des souverainetés à un point où l’on testera à un degré inédit la capacité des peuples à supporter la vassalisation technocratique.

Misère (et épuisement)
de la médiocrité européenne Retour à la table des matières

On ne voudrait pas tirer de conclusions trop générales à partir de l’hypothèse des tièdes vomis par Dieu ou de la condamnation du centrisme à l’inanité historique, mais il faut bien reconnaître dans le cas présent que les arrangements intermédiaires intensément explorés par les partisans du compromis à tout prix cumulent, comme souvent, l’irrésolution et l’inefficacité : une « union » mais entre composantes demeurant distinctes et indépendantes ; des règles (idiotes) entamant la souveraineté… mais que la souveraineté résiduelle fait violer ; de la solidarité mais pas beaucoup, incertaine, et suffisamment maugréante pour en faire toujours trop peu trop tard… quoique au point de faire d’un « petit » problème (la Grèce, 2 % du PIB européen) la cause possible de la mort de l’Europe entière…

Pour le pas en avant qu’ils se proposent de faire, les eurobonds ne sortent pas du marais des compromis tarés – et tarés notamment par leur entêtement à faire des souverainetés démocratiques la variable d’ajustement de leurs trouvailles financières. Depuis les règles mêmes des Traités jusqu’au futur régime de protectorat des politiques économiques sous eurobonds, en passant par le pacte de stabilité puis le TSCG, le mépris (l’ignorance ?) du principe fondamental de souveraineté est peut-être la seule vraie constance de la construction européenne – et la cause de son destin scellé, comme en témoignent ses dramatiques convulsions chaque fois qu’un de ses peuples reprend la parole pour dire non, les Grecs il y a un mois, peut-être encore bientôt, et puis à quand les Irlandais, les Espagnols, les Italiens, les Portugais… ou les Français ?

Il faut bien reconnaître qu’on pouvait se rendre aux eurobonds par des itinéraires – entendre : des intentions – fort différents, au point d’établir le bidule comme lieu d’un formidable malentendu, mais pas exactement de ceux qui entrent dans la catégorie des « ambiguïtés constructives »… À partir du point commun de la recherche effrénée d’une solution de tranquillisation des marchés (« restaurer la confiance »), s’y rejoignent en effet aussi bien ceux qui les voient comme une étape importante dans la trajectoire d’une construction fédérale… et ceux qui, tout au contraire, n’y voient qu’un astucieux bricolage de plus, imposé par la crise quand le compromis institutionnel actuel s’est montré défaillant, et permettant surtout de ne pas avoir à en aller jusqu’au fédéralisme [9].

Et puis il y a l’Allemagne – qui ne veut rien. Et surtout pas voir la contradiction proprement politique constitutivement installée au cœur d’une communauté de politiques économiques (relativement) indépendantes. Retour donc à la case départ : toute l’inventivité des eurobonds a été déployée pour tenter de détendre l’alternative de l’éclatement et du dépassement (fédéraliste) ; or rien n’a été détendu ! et l’on ne sort toujours de la contradiction princeps de l’actuelle construction européenne, contradiction politique du mépris des souverainetés, que… par l’éclatement ou le dépassement ! La stratégie du médiocre, c’est-à-dire du milieu, du marais, de l’indécision et des contradictions trop longtemps étouffées a vécu. Il va donc falloir trancher.

Alors le fédéralisme ? Mais qui en veut vraiment ? La moindre des choses serait d’avoir préalablement une discussion du concept même de « l’État européen », ou de la « République européenne », une discussion qui, en passant, confirmerait que toute cette histoire relève moins des concours Lépine de l’ingénierie financière que de la philosophie politique en ses questions les plus profondes – qu’est-ce qu’un État ? qu’est-ce qu’une nation ? dans quelles formes institutionnelles (variées) le principe de souveraineté peut-il se couler ? On se contentera, à défaut, de prendre une vue du paysage des volontés politiques sur la question, manière de savoir si les Français (les élites politiques françaises) ont une idée beaucoup plus claire que leurs homologues allemandes de ce qu’elles veulent vraiment.

La droite entre souveraineté nationale
et souveraineté étatique Retour à la table des matières

Il est certain que le projet fédéraliste trouve des conditions d’épanouissement moins favorable à droite qu’à gauche, où le thème du « dépassement national », présenté le plus souvent (avec ce qu’il faut de distorsions intellectuelles) comme « dépassement du nationalisme », ajoute tout son effet propre. À l’évidence la droite est partagée sur la question, elle l’est en fait entre deux compréhensions possibles du terme de souveraineté : comme souveraineté nationale ou comme souveraineté étatique.

Réticente par héritage historique à l’abandon de souveraineté quand elle la comprend comme « souveraineté nationale », la droite s’efforce de freiner la tendance fédéraliste et de maintenir la construction européenne dans le cadre de l’intergouvernementalité. Inversement, quand elle entend « souveraineté étatique », la droite, dans sa fraction la plus libérale ne trouve que des qualités à tout ce qui est susceptible de faire reculer les possibilités de l’État : les règles, à plus forte raison quand elles sont d’or, et toutes les amputations des marges d’action discrétionnaire de la puissance publique sont naturellement la plus jolie chose au monde. Quant à l’idée de la tutelle du capital financier, par marchés interposés, sur les politiques économiques, elle est proprement géniale, formidable trouvaille qui permet à la fois de faire régner la plus inflexible normalisation et de toucher les bénéfices de la déploration contrite – soit le sommet de l’irresponsabilité politique : « qu’y puis-je, les marchés l’exigent… » Bien sûr la dualité des souverainetés, dont l’une est désirée et l’autre rejetée, finit par fracturer le camp de la droite, et dans le camp jusqu’à certaines têtes individuellement (comme celle, typiquement, de Nicolas Sarkozy), clivées sans synthèse possible et pour cause : ces deux souverainetés en fait ne font qu’une, celle de l’État n’étant jamais que l’institutionnalisation et l’opératrice de celle de la nation…

À gauche, le mythe de l’« Europe sociale » Retour à la table des matières

À l’évidence, moins d’embarras à « gauche » avec les pesanteurs symboliques de la nation – signalons tout de même que par « gauche » on sacrifie ici, par commodité de langage, aux étiquettes communément en usage, pour entendre en fait le « socialisme de gouvernement », qu’à bien des égards on devrait requalifier plus justement de droite modérée [10]. Pour autant, du côté de cette gauche-là, les choses ne sont pas beaucoup plus simples, mais bien sûr pour d’autres raisons. On prête à François Mitterrand d’avoir été pleinement conscient, dès les multiples « tournants » du milieu des années 1980 [11], de ce que son engagement européen allait accoucher d’une Europe libérale, une Europe de droite donc, mais qu’il jugeait bon de souffrir pourvu que le cadre institutionnel en fût installé, et quitte à devoir attendre un peu pour que le dit cadre finisse par se remplir de contenus progressistes.

Ah ! la sage patience du long terme, dans lequel toutefois Keynes ne manquait pas de faire observer que « nous serons tous morts », mais nonobstant si caractéristique des dirigeants à prétention historique-prophétique, pour qui les transitions ne sont rien, seule comptant le triomphe terminal de la « vision » et peu importe les coûts qu’il aura fallu consentir entre temps. Il est vrai que ces dirigeants-là peuvent compter sur l’indéfectible soutien de tous les intellectuels organiques de l’universalisme abstrait, demi-savants et quart de philosophes, experts multifonctions et éditorialistes eux aussi désireux de montrer que l’alta vista est leur fort, cortège de suivants à qui leur confort matériel garanti permet d’envisager les idées générales les plus audacieuses, telle celle de « L’Europe », sans le moindre souci pour les négligeables contingences matérielles de leur réalisation – deux générations sacrifiées ? trois ? Qu’importe, les peuples eux aussi doivent apprendre à être à la hauteur de l’Histoire.

Evidemment, l’accumulation des pots cassés « intermédiaires » ne va pas, à « gauche », sans quelques remords de conscience. C’est pourquoi là où la droite peut se contenter d’invoquer les impératifs de la sagesse économique, la « gauche » se croit en devoir d’un supplément d’âme qui prend ordinairement la forme d’une promesse radieuse, en l’occurrence celle de l’« Europe sociale », illusion répétitivement servie aux populations qui commencent à trouver le temps long et à avoir besoin de quelques douceurs pour patienter dans le calme.

Sans surprise, et à mesure que le temps passe, en se faisant d’ailleurs plus dur, les douceurs commencent à être à efficacité marginale décroissante. Et pour cause, là encore : comme l’ont montré François Denord et Antoine Schwartz dans un livre court mais décisif [12], la genèse même de l’Europe, depuis la CECA et le marché commun, s’est faite sur des intentions véritables – et à l’instigation de certains personnages – qui vouaient l’idée même d’une « Europe sociale » à l’éternité des songes.

Pour qui voudrait l’argument sous une forme un peu plus détaillée, voire sous une forme un peu plus théorique, il faudrait invoquer, par image, la propriété de « non-ergodicité » propre aux trajectoires dite à « dépendance de chemin » (path dependency), propriété qui signifie qu’une trajectoire stochastique (l’étape n est un certain tirage aléatoire dépendant de l’étape n-1) ne peut plus, au bout d’un certain temps, espérer visiter tous les états initialement possibles, mais se trouve enfermée (lock-in) dans un sous-ensemble d’états de plus en plus restreint à mesure que le temps passe et que les étapes se succèdent. Cette métaphore mathématique (empruntée aux dynamiques qu’on nomme « processus d’urne ») s’applique plutôt bien à la construction européenne qui, au fil même de son processus de construction, s’est en effet progressivement enfermée dans une configuration institutionnelle durcie autour des principes néolibéraux, au point que la doctrine cristallisée est devenue consubstantielle à la structure elle-même. En d’autres termes, il ne faut pas imaginer que cette Commission pourrait d’un coup de baguette volontariste se mettre à révoquer le droit de la concurrence pour promouvoir un droit social européen, ou à faire soudainement dans la férocité à l’encontre de la finance… L’institution tout entière est à détruire – et à refaire.

In memoriam Pierre Mendès-France
et Parti socialiste Retour à la table des matières

Ou bien en attente d’un équivalent gentil de la bombe à neutrons, qui conserve le bâtiment et les bureaux mais en nous débarrassant d’une armée d’eurocrates imbibés de néolibéralisme jusqu’au trognon. Pour repeupler l’immeuble autrement. Hélas la bombinette aimable est encore introuvable, ou plutôt, elle est toujours au même endroit, dans les mains du peuple, mais qui ne le « sait » pas – et dont la Boétie, il y a cinq siècles, déplorait déjà qu’il méconnût à ce point sa propre puissance. Inutile de compter sur nos amis « socialistes » pour lui en faire retrouver le sens : eux en sont encore à se claquer les doigts avec un pétard à mèche. Le plus drôle étant que, succulente ironie, il fut un temps, pas si lointain, où l’un des leurs, et pas le moindre, avait quelques idées un peu plus détonantes, Pierre Mendès-France, si fait !, qu’il vaut pour le plaisir de l’œil de citer un peu longuement, c’était en 1957, dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale :

« Nos partenaires (européens) veulent conserver l’avantage commercial qu’ils ont sur nous du fait de leur retard en matière sociale. Notre politique doit continuer à résister coûte que coûte, à ne pas construire l’Europe dans la régression au détriment de la classe ouvrière (…)

Il est prévu que le Marché commun comporte la libre circulation des capitaux. Or si l’harmonisation des conditions concurrentielles n’est pas réalisée et si, comme actuellement, il est plus avantageux d’installer une usine ou de monter une fabrication donnée dans d’autres pays, cette liberté de circulation des capitaux conduira à un exode des capitaux français (…)

Les capitaux ont tendance à quitter les pays socialisants et leur départ exerce une pression dans le sens de l’abandon d’une politique sociale avancée. On a vu des cas récents où des gouvernements étrangers ont combattu des projets de lois sociales en insistant sur le fait que leur adoption provoquerait des évasions de capitaux (…)

L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

Le plaisir de l’œil, disait-on… Mais aussi celui d’imaginer les tronches interloquées des socialistes-de-gouvernement, redécouvrant leurs propres archives, leur propre inspirateur, leur propre devenir, et pour finir leur propre naufrage.

Dans « Le Monde diplomatique » Retour à la table des matières

La dette, quelle dette, Jean Gadrey, juin 2012 (en kiosques)
En Grèce, les nouvelles élections législatives, prévues le 17 juin, se joueront sur la question de la renégociation de la dette. En France, une campagne populaire exige elle aussi un audit citoyen de la dette publique.

Notes

[1] Données Eurostat.

[2] Données FMI, World Economic Outlook 2012.

[3] Données Eurostat.

[4] Et a récidivé récemment par une émission, à deux ans cette fois, à taux quasi-nul.

[5] Pour les 17 de la zone euro. Données Eurostat, fin 2011.

[6] C’est-à-dire en transferts financiers divers du fait des contributions nationales aux divers fonds de sauvetage européens (FESF, MES).

[7] Pour reprendre le titre de l’ouvrage d’André Orléan, Le pouvoir de la finance, Odile Jacob, 1999.

[8] Non pas bien sûr que ceux-ci disparaissent mais, encore une fois, parce qu’ils s’intéressent désormais davantage au tout qu’aux parties.

[9] Position dont, par exemple, The Economist est un représentant caractéristique.

[10] Voir Frédéric Lordon, « Gauche de gauche, gauche de droite », Télérama, 2 mars 2012.

[11] Multiples car, à celui, le plus connu, de la politique économique de désinflation compétitive (1983), il faut ajouter celui de l’Acte unique, avec sa concurrence libre et non faussée (1984), et celui de la déréglementation financière (1986), quatre petites années où le destin de la société française a basculé pour de bon.

[12] François Denord et Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu, Raisons d’agir, 2009.

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72 commentaires sur « La fausse solution des eurobonds »

  • permalien Houcine :
    1er juin @21h40   »

    L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes :

    1- [le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel !]

    2- [la délégation des pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, elle exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale »]

    Nous basant sur cette réflexion de »Mendes-France« , nous voudrions développer une autre simple et petite thèse.

    (à suivre)

    Houcine & Samya__

  • permalien Houcine :
    1er juin @21h47   « »

    Au détriment de la France (union européenne), comment l´Allemagne voudrait-elle appliquer son protéctorat aux pays de l´Europe de l´Est ?

    (à suivre)

    Houcine & Samya__

  • permalien Houcine :
    1er juin @21h53   « »

    Sources et réferences :

    http://www.unige.ch/lettres/istge/h...

    Samya & Houcine__

  • permalien Houcine :
    1er juin @22h14   « »

    Pour expiquer certains phénomènes de notre actualité, il faut les situer dans leurs contextes par rapport au passé.

    1- Les projets hitlériens : Autoroute Berlin - Moscou, Chemin de fer Berlin - Baghdad !

    2- Qui sont donc les raisons qui ont abouti à la création du marché commun ?

    3- Au détriment de la souveraineté des peuples, comment est-elle venue l´idée d´une monnaie unique en Europe allemande ?

    4- Pourquoi cette Union ?
    5- La crise financière ! Qui en profite ? Qui serait le vrai vainqueur ?

    (à suivre)

    Samya & Houcine__

  • permalien Houcine :
    1er juin @22h58   « »

    I - Après la guerre mondiale !

    Sous prétexte d´être sous la menace nucléaire de Moscou, les Etats-Unis ont tout fait, se montrant les protecteurs de l´Allemagne, allant soutenir et livrer Berlin par air, malgré l´armée rouge et bien profitant de la faiblesse de Brejnev, jusqu´aux jours de Gorbatchev (la Perestroïka), qui content – mécontent, il a signé la chute de son Empire.

    À partir de cette date (1990), le monde se trouve en mains des Etats-Unis qui ont imposé aux allemands l´intégration de certains pays qui furent vassaux de Moscou, parmi lesquels la Pologne qui fut en conflit avec les deux voisins (Moscou & Berlin) pendant plusieurs siècles. Comment donc les allemands ont-ils vite oublié ce passé tout en acceptant un pays si indiscipliné et sans ressources, avant la Russie capitaliste, très riche par son énergie (Gaz et pétrole) et qui pourrait jouer un rôle stratégique, assez fondamental en Europe ? Pourquoi l´Allemagne a-t-elle accepté l´Espagne, le Portugal, la Grèce et l´Irlande, avant de s´orienter vers la Norvège et la Suisse qui refusent toujours cette union – modèle germain ?

    Pour créer la monnaie unique, pourquoi les allemands ont-ils sacrifié leur sacré Deutschemark, sans prendre en compte la fausse comptabilité des portugais, des espagnols et de la Grèce, tous se montrant aptes à l´Euro, avant même »Theodor Weigel« qui fut le dernier à réduire l´inflation de son très puissant pays à 3 % ?

    Samya & Houcine__

  • permalien Edouard :
    1er juin @23h23   « »

    Monsieur, vos analyses sont toujours pertinentes. Mais pourquoi écrivez-vous dans un style aussi difficile ? C’est une critique marginale (même si je ne suis pas d’accord sur le fond mais je ne possède pas l’équipement intellectuel et économique nécessaire pour argumenter avec un chercheur du CNRS) mais tout de même, je pense que vous pourriez simplifier votre style à certains endroits !
    Mais merci en tous cas de vos textes qui sont toujours très stimulants (votre blog me ramène à la lecture du Diplo que j’avais quitté il y a 2-3 ans !). Merc

  • permalien Houcine :
    1er juin @23h58   « »

    II - l´Amérique, le pouvoir des Crapules et les anciens projets allemands !

    Parmi les idées de Wilhelm II et Max Warbour, c´était accéder au pétrole mésopotamien, en construisant un chemin de fer reliant Berlin et Bassora. La Couronne britannique, dont la flotte avait abandonné le charbon au profit du pétrole (1904), elle ne laissa point le monopole de sa Royal Dutch Shell s’effriter. En 1914, quelques mois avant que le projet ne soit complété, la guerre fut déclarée et les banquiers se frottèrent les mains. Aux Bolcheviques qui ne contrôlèrent qu’une petite fraction du territoire Russe, l´American League to Aid and Cooperation leur porta de l´aide en augmentant le support au groupe de Lénine et Trotski qui furent soutenus par Jacob Schiff. Ce consortium regroupa General Electric, Baltimore & Ohio Rail road et la Federal Reserve Bank, toujours en mains des Warburgs-.

    Pendant le traité de Versailles en 1919, des réparations sévères furent exigées par les alliés à l’Allemagne. Parmi celles-ci, la Royal Dutch Shell appartenant à la Couronne britannique, tendant son exploitation sur tous champs pétroliers du Moyen Orient. 75 % des liquidités nécessaires aux paiements imposés à l’Allemagne furent prêtés au gouvernement allemand par des banquiers américains, dont la Federal Reserve Bank qui fut dirigée par Paul Warburg. C’est donc le peuple américain qui versa les réparations allemandes de la première guerre mondiale, aux grandes entreprises qui organisèrent le conflit ! Cette situation contribua à créer la lourde dette nationale, assurant aux banquiers leur ascendant sur la politique américaine, en attente de cohabiter avec le miracle de la reprise économique allemande, vantée sous diverses formes.

    Samya & Houcine__

  • permalien Houcine :
    2 juin @00h13   « »

    III - Concernant les anciens projets allemands et le pouvoir des Crapules !

    En1920, malgré les chaudes cendres de l’horreur avec laquelle le Monde regardait l’hécatombe qui venait de s’achever, Wall Street commença à faire la promotion d’une politique de la revanche en Europe Centrale, préparant une nouvelle guerre par la création du Council on Foreign Relations, appartenant à des banques et des trusts, sous la direction de Paul Moritz Warburg, qui demeura membre influent jusqu’à sa mort après la fondation en 1921 de l´ International Acceptance Bank of New York qui fusionna avec la Banque de Manhattan. Moritz fut fondateur, actionnaire et Directeur de I.G. Farben, compagnie, sœur de la I.G. Farben allemande, dirigée par Max Warburg. I.G. Farben et Vereinigte Stahlwerke avient produit aux deux 95 % des explosifs utilisés par les forces de l’Axe, au cours de la seconde guerre mondiale !

    La Hambourg-Amerikan line avait pour banque de créance la M.M. Warburg d´Hambourg. Dans le cadre des réparations, c’est donc Warburg lui-même qui organisa son transfert au trust d’Averell Harriman et George Herbert Walker, dont le bras américain de sa banque, détenu par ses frères Félix et Paul Warburg, partiellement propriétaires. Le blaireau américain paia son impôt qui se ramassa à la Federal Reserve Bank de Paul Warburg et Cia. Cet argent passa en prêt à l’Allemagne, à travers de la Reichsbank de Max Warburg et Cia. Le fric transita aussi vers l’Union Bank de Harriman, dont Félix Warburg fut un Actionnaire principal ! Cet argent fut utilisé pour compléter la transaction cédant une immense flotte de navires.

    Résultat : l’argent volé a servi à déposséder un autre blaireau allemand et les gouvernements des deux pays encoururent de lourds intérêts, alors qu’une gigantesque flotte de navires semblait changer de mains !

    Pour compléter la boucle en 1933, le même Max Warburg fut Directeur du Conseil d’administration de l´Hambourg-Amerikan line !

    Samya & Houcine__

  • permalien hedi :
    2 juin @03h04   « »
    eurobonds : une solution intermédiaire ?

    Il y aurait donc deux options : la déconstruction pour un retour à la souveraineté nationale notamment monétaire ou le dépassement vers le fédéralisme politique.

    Vous ne traitez pas la première option mais je crois que vous l’avez déjà évoqué dans des billets précédents en expliquant que cela arriverait sous les effets de la contrainte des marchés.

    La seconde option celle du dépassement via le fédéralisme politique pose question : le parlement européen semblerait légitime pour reprendre certaines prérogatives de la commission européenne (initiative législative) et pour recevoir de nouvelles compétences (notamment pouvoir budgétaire s’imposant aux États : par ex. pour décider de mesures relatives aux dettes publiques nationales au-dessus des 60% du PIB ?). Cependant personne ne peut être sûr que les peuples accepteront des décisions d’un parlement européen certes élu démocratiquement mais où les souverainetés nationales seront diluées. On pourrait retrouver ici la problématique de la tension entre la dilution - ici celle des souverainetés nationales dans un vote pour un parlement européen - et une institution européenne (le parlement européen démocratiquement élu) qui serait doté du pouvoir d’imposer sa loi budgétaire aux États membres de l’union européenne. Un tel saut fédéraliste pourrait ainsi entraîner un rejet par des peuples des décisions d’une institution européenne démocratique. J’ai en tête la carte électorale des présidentielles françaises et j’imagine la même carte à l’échelle européenne : si le parlement européen démocratiquement élu et doté de vrais pouvoirs est par ex. de droite, et s’il prend des mesures d’austérité, est-ce que les français ou les grecs accepteront les décisions d’un parlement dont la coloration politique est due notamment à des électeurs allemands, anglais ou néerlandais ?

    La construction européenne sur une base "fonctionaliste" est une logique des "petits pas" pour toujours tisser des liens plus étroits sans en admettre les conséquences logiques.

    On peut penser que ce processus des petits pas "fonctionnalistes", notamment les eurobonds, malgré toutes ces tares, permet d’éviter un non "définitif" des peuples européens au fédéralisme politique et démocratique européen.

    ps : votre pièce de théâtre (que j’ai vu jouée du côté de montmartre) sur la crise financière et sa gestion était vraiment très bien.

  • permalien FOCCOF :
    2 juin @03h26   « »
    ? ??? La Commission Européenne à détruire .. et à refaire ????

    "L’institution tout entière est à détruire – et à refaire."

    dites-vous.

    Mais : la Commission est à détruire. Point. Point final.

    Le Parlement (législatif) et le Conseil (exécutif) suffisent.

    La Commission n’est que l’incarnation de la technocratie : un jour ou l’autre (mais ce jour là on sera peut-être tous morts...) la commission sera détruite comme la Bastille ou les Tuileries.

  • permalien sdz :
    2 juin @08h11   « »

    _ "À l’évidence la droite est partagée sur la question, elle l’est en fait entre deux compréhensions possibles du terme de souveraineté : comme souveraineté nationale ou comme souveraineté étatique."

    Vous schématisez trop et oubliez tout le courant gaulliste, post-gaulliste ou souverainiste (transpartisan). Il s’avère que comme le poids des prélèvements rapportés au PIB est supérieur de 10 points à celui des années De Gaulle, on peut donc s’interroger légitimement sur le périmètre de l’Etat central, sur l’utilité des régions (sans légitimité républicaine), sur les pratiques clientélistes de droite comme de gauche etc... On peut a fortiori condamner le poids de structures institutionnelles européennes sans légitimité démocratique calquées sur ce qui se faisait déjà de pire en France (enarchie...).

    Le monde n’est pas binaire. Pour autant votre critique du PS est savoureuse... pour qui a les moyens de supporter ses dérives sur la durée !

    Un des travers du système européiste actuel est qu’au-delà de la dissolution de l’esprit de responsabilité, il induit plus qu’un flottement dans la détermination de nos gouvernants. Et en retour pour le citoyen lambda : mais enfin pour qui travaillent-ils au final ?

    les eurobonds participent d’une fuite en avant, comme nous l’avions écrit il y a déjà longtemps alors que nous précisions notre projet de "monétisation de notre dette publique sur projets francophones".

    http://www.la-France-contre-la-cris...

  • permalien BA :
    2 juin @14h00   « »

    Les Etats européens pauvres veulent la création d’euro-obligations : le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce, l’Espagne ont demandé la création d’euro-obligations.

    Les Etats européens riches ont répondu qu’ils étaient contre la création d’euro-obligations.

    Allemagne : "Les euro-obligations seraient une erreur absolue. Pour avoir des taux d’intérêt communs, il faut des niveaux de compétitivité similaires et des situations budgétaires similaires. On n’arrive pas à cela en mettant en commun des dettes."

    Autriche : Le Premier ministre autrichien Werner Faymann déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Austrian Chancellor Werner Faymann joined Germany and France in rejecting common euro-area bonds and said a centralized economic government for the region is unrealistic because it would require a treaty change."

    Finlande : Le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Jyrki Katainen a par ailleurs répété l’opposition de son pays, qui bénéfice d’une notation triple-A, à la création d’euro-obligations."

    Estonie : Le Premier ministre estonien Andrus Ansip déclare qu’il est contre les euro-obligations :

    Ansip : Estonia does not support Euro-bonds. “We see very high moral risks involved in the Euro-bonds,” said Ansip at the Government press conference on Thursday. According to him, it would be difficult to explain why the should countries that have kept their financial affairs in order – and can thus get funds from financial markets at cheaper prices – sacrifice anything for the countries where financial matters are not in order. He added that if all Euro area countries would be made dependent on one single interest rate, some countries would see the interest rate increase from the current level while others would see theirs fall.

    Slovaquie : La Slovaquie opposée aux euro-obligations. La Slovaquie a rejoint vendredi 10 décembre 2010 l’Allemagne et la France dans leur opposition à l’idée d’euro-obligations pour aider la zone euro à sortir de la crise. "Moi, je dis non. Cela pourrait constituer une étape évidente vers une union budgétaire", a déclaré le ministre slovaque des Finances Ivan Milkos au journal SME.

    Pays-Bas : Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Nutte déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré mardi 16 août 2011 ne pas être en faveur de l’idée d’euro-obligations (« eurobonds ») ou d’un renforcement du fonds de sauvetage européen, et qu’il préférait des sanctions automatiques contre les mauvais élèves de la zone euro."

    Ces six exemples montrent une chose très importante :

    Les Etats européens riches sont contre les euro-obligations, car les Etats européens riches ne veulent pas payer un taux d’intérêt supérieur au taux d’intérêt qu’ils paient aujourd’hui lorsqu’ils lancent un emprunt.

  • permalien Houcine :
    2 juin @14h57   « »

    The black Thursday en Amérique des puissants financiers !

    Au cours des années vingt, aux Etats-Unis la prospérité industrielle doubla de volume et les cours des titres augmentèrent plus que les profits, suivis d´une spéculation qui devint prépondérante vers 1928. En réponse à ce phénomène, Charles Merrill - Lynch recommanda ne plus s’endetter, car, selon lui, cela pourrait constituer des recommandations de vente, afin de se libérer des dettes, sachant que les dividendes n´attiraient plus les investisseurs, sans exclure le fait de revendre avec une plus-value en fonction des titres achetés à crédit.

    Dans ces circonstances et dû au recours à la Bourse qu´à l´économie réelle, dès le début 1929 la production des automobiles chuta de 622 000 à 416 000 véhicules en 6 mois, et la production industrielle en général baissa de 7 % en 5 mois !

    Down Jones qui avait connu des résultats jamais enregistrés depuis 1953, il se trouva envahi par des ventes massives, conduisant les cours à la baisse. Le monde frola la panique et le jour suivant fut marqué par l´absence de tout acheteur ! Vers le milieu de la même journée, Down Jones perdit plus de 22 % et cette perte fut suivie d´une émeute menée par les perdants (les actionnaires), se soldant par 11 suicides !

    Pour calmer les actionnaires et les partenaires au sein des autres banques (Buffalo, Chicago), 5 banquiers New yorkais se réunirent d´urgence chez Morgan & Co., laissant Thomas Lamont dire : Il y a eu seulement une petite à perte à la Bourse, due à des conditions d´ordre technique en cours de s´améliorer ! Pour assurer les révoltés, Richard Whitney (NYSE), il annonça l´achat de 25.000 parts, encourageant la reprise et le redressement de la Bourse ; mais les clients paniqués ne savaient plus à quel prix leurs titres furent-ils cédés ?

    Entre le 22 Oktobre et le 13 Novembre 1929, l’indice Dow Jones chuta de 326,51 à 198,69 (-39 %), ce qui correspondait à une perte virtuelle de 30 milliards de dollars, dix fois le budget de l’État fédéral et plus que ce que les États-Unis avaient dépensé pendant toute la Première Guerre mondiale !

    Samya & Houcine__

  • permalien Danielle :
    2 juin @18h52   « »

    Je lis toujours vos analyses avec grand intêret, mais je regrette néanmoins votre style un peu alambiqué. Je pense qu’une formulation plus simple apporterait plus de clarté au texte, surtout pour ceux qui comme moi, ne sont pas économistes. Je dois souvent relire plusieurs fois certaines phrases et presque les synthétiser pour bien en saisir le sens ! Mais je m’accroche, car vous avez une vision très pertinente de la situation et j’apprend beaucoup de vous lire...

  • permalien
    2 juin @19h18   « »

    « On a vu des cas récents où des gouvernements étrangers ont combattu des projets de lois sociales en insistant sur le fait que leur adoption provoquerait des évasions de capitaux (…) »

    Pensée proprement informulable aujourd’hui, sauf au Medef, donc dans un autre sens.

    — 

    Sur le style de Lordon, voir la postface de sa pièce "Post-scriptum. Surréalisation de la crise"

    Les idées, pour agir sur le monde et ses représentations, doivent être accompagnées d’affects : "de tous les discours, celui de l’abstraction est dès le départ le moins capable, précisément pour se déployer dans une atmosphère appauvrie en affects"

    "C’est l’art qui dispose constitutivement de tous les moyens d’affecter, parce qu’il s’adresse d’abord aux corps, auxquels il propose immédiatement des affections : des images et des sons"

    "Les choses ont besoin d’affections pour devenir puissantes, càd dotées d’un pouvoir d’affecter, donc entrer dans les têtes, càd en fait dans les corps, et y produire des effets"

    "Les philosophes-stylistes font de leur style le moyen d’une intensification en affects"

    Les analyses ne remplaceront "jamais une image bien choisie qui fait bouillir les sangs"

    — 

    MP. Tout ceci est assez loin d’un cynisme en toc préconisé par deux ou trois, plus ou moins bien intentionnés mais limités.

  • permalien Houcine :
    2 juin @20h26   « »

    C´est la deuxième guerre mondiale qui a permis aux Etats-Unis de récupérer toutes leurs forces !

    Entre 1930 et 1932, la chute industrielle et économique fut supérieure à celle de l’année 1929. Dow Jones baissa à 41,22 (son plus bas niveau depuis sa création en 1896 !)

    Dans cette crise devenue mondiale à cause de ses effondrements spectaculaires, on trouve : Goldman Sachs qui glissa de 104 dollars en 1929 à 1,75 –, The American Founders Group passa de 75 dollars à 0,75 en 1935, U.S. Steel chuta de 262 dollars à 22 $, General Motors de 1 075 dollars à 40 $ en 1932, et General Electric de 1 612 dollars à 154 $ en 1932. Donc, dans cet intervalle, Dow Jones n´eut lâché que 89 % de sa valeur totale.

    Quant à la valeur virtuelle des titres, les Investisseurs se trouvèrent sans leurs 72 milliards de dollars !

    Parmi les célèbres endommagés, on pourrait citer J. P. Morgan (20 et 60 millions de dollars), la famille Vanderbilt : 40 millions, la famille Rockefeller : 80 % de son patrimoine, Eddie Cantor : 2 millions, Winston Churchill : 500 000 et Groucho Marx 240 000 $. ; La perte de confiance affecta la consommation et les investissements au cours des mois suivants. Quant à ceux qui avaient spéculé en empruntant, ils ne purent plus rembourser, et ils furent à l´origine des pertes sèches conduisant les banques à restreindre leurs crédits. Les plus faibles firent vite faillite, ne contribuant qu´à faire accroître la fragilité des banques, face aux épargnants qui paniquèrent, se hâtant auprès de leurs caisses afin de retirer le reste de leur argent (ce que font les grecs actuellement). En dépit de son début, la crise ne fut officialisée qu´en 1930, affectant la consommation en général et le marché du travail tout en augmentant le volume des chômeurs de 1,5 million avant, à 15 millions vers 1933.

    Dans cette ambiance, les mesures protectionnistes de »Hawley-Smoot« (droits de douane), elles furent à l´origine de la propagation de la contagion affectant toute l´économie européenne et mondiale à la fois. Nonobstant, pour faire amorcer la crise, il a fallu attendre le »New Deal« , malheureusement suivi par une autre chute vers 1937.

    C´est l´entrée en guerre des Etats-Unis (1941) qui apporta tous les moyens qui ont fait redresser l´économie et les finances de cet Empire, reprenant toutes ses forces vers 1954.

    Samya & Houcine__

  • permalien
    2 juin @21h35   « »

    Revenant à la philosophe politique de Mendes-France !

    (L´abdication d´une démocratie)

    Au Traité de Rome´1957, on a institutionnalisé l´idée du Marché Commun, sur lequel a reposé la réalisation de certains objectifs de la politique européenne.

    La mise en place d’un Marché commun repose sur l’abolition des entraves aux échanges de marchandises, de personnes, de capitaux et de services entre les Etats membres. Cette démarche répond à des objectifs économiques et politiques. Le Marché commun doit en effet permettre aux entreprises de développer plus facilement leurs activités, ce qui pourrait engendrer des gains et bénéficier les consommateurs. On pourrait dire que la réalisation de cette politique, elle favorise toujours la libre circulation des produits et des hommes, tout en rapprochant les peuples. Quels peuples ? La suppression des droits des douanes a commencé depuis 1968, mais de nombreuses entraves ont continué à porter atteinte aux droits d´échange, le long des années 70.

    La Commission Delors s´appuyant sur l´Acte unique de 1986, elle a eu comme objectif le développement de l´idée Marché intérieur, redynamisant l’économie européenne. Ce traité généralise le principe de reconnaissance mutuelle et facilite la prise de décision communautaire. Les Etats peuvent ainsi procéder aux harmonisations législatives dans les domaines où cela est nécessaire. Et puisque depuis le 1 Janvier 1993, ces mesures ont été couronnées de succès, la libre circulation des marchandises est effective. Mais la libre circulation des personnes, elle a été toujours mise en question. En plus, cette liberté qui ne concernait que les travailleurs Communautaires, l’élaboration d’une citoyenneté de l’Union par le Traité de Maastricht d’une part, et l’entrée en vigueur de la Convention de Schengen en 1995 d’autre part, ont permis d’étendre cette liberté à un grand nombre de personnes, mettant en cause la sincérité de la première idée (travailleurs communautaires), suivie de l´obstacle concernant la libre circulation des capitaux, mise en œuvre en 1988 et qui a été un prélude pour l´Euro.

    La libre circulation des services, elle a posé le plus de difficultés, et après avoir fait face à de nombreuses entraves à la libre circulation et choix d’établissement en 2006, l’Union s’est dotée d’une autre directive sur les services. À l´egar de cette mutation, ce sont les étudiants français qui ont été les plus concernés, représentant plus de 22.000 candidats en 2.006, répondant aux réquisitions – Programmes Erasmus.

    Samya & Houcine__

  • permalien Lolo2105 :
    2 juin @22h03   « »

    J’aime beaucoup Frédéric Lordon mais ses articles sont trop longs

  • permalien Houcine :
    3 juin @00h51   « »

    II - La philosophie politique de Mendes France !

    (de l´Euratom à l´Euro)

    Quels sont les secrets qui ont conduit la France, le Benelux et l´Allemagne fédérale à signer le traité de Rome ?

    C´était la menace nucléaire de Moscou et de Washington qui voulait marquer que l’époque coloniale était déjà finie. Les troupes franco-anglaises (alliées d´Israël) furent obligées d’évacuer la zone du canal de Suez, ripostant à sa nationalisation par Jamal Abd an-Nasser. Quelques jours plus tôt, les troupes russes furent entrées dans Budapest. La France toujours prise dans le conflit algérien, elle eut conscience qu’elle ne fut plus une puissance après la Seconde guerre mondiale.

    Paris, qui traîna les pieds depuis l’ouverture des négociations sur la création d’un marché commun entre l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux, elle leva ses objections. Le président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, qui devait faire face à l’hostilité de la majorité de ses ministres et de larges secteurs de l’opinion publique, il décida de passer en force, sentant que la seule façon d’atténuer l’humiliation que la France venait de subir, fut de conclure un traité européen.

    En dépit du plan Marshall et de la présence des troupes américaines, l’Europe renoua avec le protectionnisme et les conflits d’intérêts menacèrent de resurgir, au fur et à mesure que s’affirma une Allemagne en possession de sa pleine souveraineté. À son égard, la France resta trop méfiante !

    Le rejet, en Août 1954 par l’Assemblée nationale, du projet de traité instituant une armée européenne (Communauté européenne de défense), qui devait être suivi de la création d’une supposée Communauté politique, grâce aux voix des communistes, des gaullistes, d’une partie des socialistes et des radicaux, par peur d’un réarmement allemand, a porté un coup fatal à toute idée d’Union politique. La seule réalisation européenne concrète d’après guerre reste donc la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), dont le traité a été signé le 18 avril 1952, entre six pays (Allemagne, France, Italie et Benelux), instituant une gestion commune de ces deux matières premières nécessaires à tout conflit armé.

    Contrairement à ce qu’espérait Jean Monnet, toutes les autres propositions d’intégration sectorielle eurent échoué, excluant toute survie de la CECA.

    (à suivre)

  • permalien Houcine :
    3 juin @01h00   « »

    III - La philosophie politique de Mendes France !

    (de l´Euratom à l´Euro)

    Au lendemain du rejet de la CED, Jean Monnet proposa au ministre des affaires étrangères Paul-Henri Spaak une relance par l’énergie nucléaire. Mais les Néerlandais militèrent pour un marché commun, comptant sur la complicité de J. Monnet. Dans ces circonstances et heurts, les trois pays du Benelux finirent par proposer la création d´une Communauté de l’énergie atomique (Euratom) et un marché commun.

    l’Allemagne se montra peu enthousiasmée à l’idée de consentir à de nouvelles délégations de souveraineté. Quant à la France, elle resta toute muette ! Le gouvernement d´Edgar Faure au sein duquel des ministres gaullistes et l’Hexagone, après le rejet de la CED, se montra réticent à tout ce qui s’apparenta à la supranationalité. Néanmoins, Paris ne s’opposa point à la tenue de la »Conférence de Messine« , représenté par Antoine Pinay, mais resta réservée à l´égard de l’idée d’un marché commun et favorable à un programme commun nucléaire. À cette époque, la Grande Nation fut en train de terminer la mise au point de sa première bombe atomique. Dans ces circonstances, les Six se métrèrent d’accord à poursuivre l’établissement d’une Europe par le développement d’institutions communes, la fusion progressive des économies nationales, la création d’un marché commun et l’harmonisation progressive de leurs politiques sociales. La Grande-Bretagne ne fut pas invitée à Messine, à cause de ne pas être membre de la CECA et son représentant fut rappelé par son gouvernement. Quittant le château de Val Duchesse, ce représentant anglais n´hésita pas à dire : le futur traité dont vous êtes en train de discuter n’a aucune chance d’être accepté ; s’il était accepté, il n’aurait aucune chance d’être ratifié ; et s’il était ratifié, il n’aurait aucune chance d’être appliqué ; et s’il était appliqué, il serait totalement inacceptable pour la Grande-Bretagne. – Au revoir !

    Quant au chancelier Adenauer, il eut clairement arbitré en faveur de la construction communautaire, et les négociations sur la rédaction des traités créant l´Euratom et le Marché commun, commencèrent le 26 Juin 1956, sur la base du rapport Spaak. l’Allemagne exigea que les deux traités soient négociés et signés ensemble, afin de faire pression sur Paris qui voulait bien d’Euratom, renâclant devant l´idée du marché commun. Plus tard (1973), en vain, elle s´opposa à l´entrée du Royaume Uni !

    Samya & Houcine__

  • permalien Toto :
    3 juin @01h05   « »

    Lolo2105 > J’aime beaucoup Frédéric Lordon mais ses articles sont trop longs

    Ça occupe dans les transports en commun :)

  • permalien Houcine :
    3 juin @01h11   « »

    Buenas noches Lolo - Toto !

    Houcine__

  • permalien Nicks :
    3 juin @01h50   « »

    Alors celui-ci d’article, il est costaud et pose imparablement les problèmes cruciaux qui sont face à nous. La conclusion est qu’il va falloir aller au charbon et retrouver le sens du politique et de la souveraineté citoyenne. Cela pourrait commencer doucement en France par l’abandon du vote utile aux législatives. Si comme vous l’avez dit, le socialisme est parti du parti socialiste, un fort contingent du Front de Gauche à l’assemblée pourrait contribuer à l’y faire revenir. Ensuite, il y a la méthode un peu plus musclée des foules en colère, mais la situation sera déjà hors de contrôle et chaotique au moment où cette solution pourrait intervenir.

    Je vais une fois de plus fustiger les pleureuses qui ont perdu la faculté de lire le français en vous félicitant de votre style impeccable et jubilatoire.

  • permalien javva :
    3 juin @05h23   « »
    eurobonds : que fait la police ?

    On se demande "Que fait la Police ?" une fois que les contraintes externes des marchés sont traduites en contraintes internes réglementaires liées aux eurobonds.
    Si un gouvernement est en défaut, et si sa population descend dans la rue, police nationale comprise, est-ce que ces traités prévoient une police fédérale européenne pour ramener l’ordre ?
    À mon avis on en est à se poser ce genre de question : la personnalisation des contraintes internes sur un était voisin ne sera pas perçue comme celle - anonyme et immanente - des marchés.
    La mise sous tutelle-troïka d’un état européen se traduira par une montée de nationalismes, voire de régionalismes car les régions ne seront pas nécessairement solidaires avec le pouvoir national.

  • permalien gracques :
    3 juin @10h27   « »
    Le style et l’affect......

    Si le style est l’outil de la puissance du discours , par l’effet physique qu’il produit sur le récepteur, comme le burin du sculpteur, alors REGARDEZ ET ECOUTEZ , M LORDON avant de le lire......

    M LORDON s’y entend pour tordre les boyaux et échauffer les têtes !
    Dangereux cet homme .

  • permalien philopater :
    3 juin @10h38   « »

    A mon avis, le pénétrant Lordon surestime la puissance allemande. Personne n’admettra de 4ème reich, y compris en allemagne. Il est plus que probable que la volonté solide de 4 ou 5 des grands états € d’instituer une mutualisation de la dette, avec 5% d’inflation, qui plus est sans troïka puisse s’imposer en europe.

  • permalien Delphin :
    3 juin @10h57   « »

    «  Monsieur, vos analyses sont toujours pertinentes. Mais pourquoi écrivez-vous dans un style aussi difficile ? » (Edouard)

    «  Je lis toujours vos analyses avec grand intêret, mais je regrette néanmoins votre style un peu alambiqué. Je pense qu’une formulation plus simple apporterait plus de clarté au texte, surtout pour ceux qui comme moi, ne sont pas économistes. Je dois souvent relire plusieurs fois certaines phrases et presque les synthétiser pour bien en saisir le sens ! » (Danielle)

    « J’aime beaucoup Frédéric Lordon mais ses articles sont trop longs » (Lolo2105)

    Réponse : Vertige intellectualiste (personne n’est parfait).

    «  Je vais une fois de plus fustiger les pleureuses qui ont perdu la faculté de lire le français en vous félicitant de votre style impeccable et jubilatoire. » (Nicks)

    Remarque sexiste : les « pleureuses« , les « donneuses« , les « pisseuses » (langage martial militaire)…

    Demander à M. Lordon de s’exprimer plus simplement, c’est comme demander au moteur d’une Ferrari de ronronner plus discrètement : le défaut est consubstantiel et plaît à beaucoup (cf. Nicks) en ce qu’il vous gratifie de se penser au-delà de la barrière.

    Amicalement,

    Delphin

  • permalien philopater :
    3 juin @11h01   « »

    L’Allemagne est plombée par son histoire, c’est un colosse aux pieds d’argile. Elle peut montrer sa puissance mais ne peut l’imposer. Par la force de voisins déterminés, elle cèdera sur la mutualisation. Puis, les anglais aviseront...

  • permalien arndebian :
    3 juin @12h27   « »

    Merci Mr lordon pour cet article on ne peut plus clair dans le contenu comme dans le style, bon peut-être une traduction en argot ou en verlan fera l’affaire de certain, c’est à étudier.

    Je souligne :
    "L’institution tout entière est à détruire – et à refaire." (la commission européenne)

    En effet avant même de se lancer dans une "réforme" il faut se poser la question de savoir si la chose est réformable, or à l’instar de ce collègue de John Kenneth Galbraith (décidément je n’arrive toujours pas à me souvenir de son nom ... à ĺ’aide les intervenants !) qui dès les années 60 estimais irréformable le département d’état (pour ne pas parler du Pentagone ...), la commission (et sans doute bien plus) est irréformable. Il faut donc la supprimer pour faire autre chose basés sur d́’autres principes qui pourrait être énoncés par exemple par les peuples sur lesquels s’applique les règlementations.
    Il faudrait en fait commencer par là mais il est vrai que maintenant, à force de repousser l’échéance il y a maintenant urgence alors que sans reconstruction rien n’est possible. Cela ressemble bien à une situation d’impasse qui est très bien illustrée par une chute probable d’un ensemble pour une défaillance (au début) d’un de ces membres pesant 2% (comme vous ĺ’avez bien mentionné) sans que personne n’intervienne pour éviter cela.

    Autre chose :
    La situation des USA et RU objectivement bien plus catastrophique que l’UE fait bien penser à une diversion, or celle-ci relevant du subjectif elle ne peut durer indéfiniment et lorsque le rideau tombera l’EU devra être prête au choc.
    Question déjà posé il y a un siècle :
    "Que faire ?"

  • permalien Nathan :
    3 juin @13h58   « »

    Au risque de passer pour un “intellectuel organique de l’universalisme abstrait, demi-savant et quart de philosophe” et en attendant la fameuse révolution qui donnerait enfin la parole aux nations et aux peuples, il existe peut-être un cautère provisoire qui respecterait vaguement le principe d’équité (celui que défend Rawls dans sa “Theory of Justice”) ou le principe d’accountability (qui requiert que les personnes ou les instances soient responsables des conséquences de leurs décisions).

    Evidemment, je raisonne ici – faute de mieux - en me mettant à la place des Etats et non des peuples ou des populations.

    Il me semble donc que les eurobonds devraient servir à financer les premiers 60% des déficits mutualisés. L’Allemagne et les autres bons élèves de l’eurozone accepteraient de payer plus cher leurs emprunts dans la mesure où cet argent servirait à financer les déficits dans les limites autorisées et acceptées par tous et notamment par eux (= les fameux critères de convergence).

    Imaginons une classe formée de bons et de mauvais élèves. Les bons élèves ont des notes au dessus de la moyenne. Ils acceptent de donner quelques points aux mauvais élèves afin de sauver la classe, voire l’école, car si celle-ci disparaissait, ils y perdraient. En retour de ce service, les bons élèves sont en droit d’exiger des mauvais élèves des sacrifices.

    Le solde – c’est à dire tout ce qui dépasse les 60% + le service de la dette - serait pris en charge par les banques (et autres créanciers privés) et par les Etats mauvais élèves. Les créanciers privés devraient renoncer à une partie des créances (mettons entre 25 et 50%) car outre le fait qu’ils ont bien gagné dans l’intervalle, il n’y a pas de raison qu’is échappent aux mêmes principes d’équité ou d’accountability. Il faut donc les obliger à assumer les conséquences de leur prise de risque. Ils ont misé, ils ont perdu. Tant pis pour eux.

    Il en va de même en ce qui concerne les Etats mauvais élèves. Ils ont trop dépensé et ont mal géré leur budget, ils doivent donc payer en conséquence via une augmentation des recettes et une réduction des dépenses. Chacun doit faire des sacrifices, à commencer par les plus riches. Le principe d’équité voudrait que ces Etats imposent les classes les plus favorisées afin de payer le solde de la dette.

    Je suis certain qu’il y a de nombreux bugs dans mon raisonnement, car il ne tient pas compte des effets systémiques. Par exemple, si les banques doivent payer une partie de la dette en renonçant à leurs créances, cela se retournera contre les Etats et par conséquent, sur les populations.

  • permalien Mic.64 :
    3 juin @14h35   « »
    Le style c’est l’homme...

    ...comme disait l’autre.

    Le problème c’est qu’il est passablement dur à comprendre, excepté pour les nombreux génies ici présents qui ont pris "Lordon première langue" au collège : phrases interminables rallongées à n’en plus finir par des tirets et locutions latines savantes.

    En revanche la longueur des papiers ne me rebute pas, nous en avons pour notre temps.

    Je pense quand même que Boileau avait raison : "ce qui se conçoit bien s’énonce clairement". Un vocabulaire moins élitiste (je n’ai pas dit plus grossier ou approximatif) et des phrases plus courtes permettraient aux lecteurs de ne pas s’arracher les cheveux devant vos excellents billets.

    Pour terminer et puisque c’est vous qui m’avez tendu le bâton pour vous battre : relisez le texte de Pierre Mendès-France que vous publiez et vous comprendrez aisément ce que signifie à mes yeux un texte clair.

    Merci pour votre vision des choses.

  • permalien Nathan :
    3 juin @15h49   « »

    Le Lordon est un oiseau au plumage bariolé et même carrément baroque, un peu farouche au premier abord mais qu’il est possible d’apprivoiser. Ma technique consiste à imprimer ses articles puis à les lire une ou deux fois à tête reposée. Après l’avoir lu, on se sent tout de même plus intelligent.

    Par comparaison, le Minc est un volatile plus abordable, au plumage un peu terne et passe partout, qui nous roucoule en permanence un avenir radieux. Mais sous des dehors inoffensifs et charmeurs, c’est une sale bête qui ne recule devant rien. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’ouvrage de Laurent Mauduit : “Petits conseils”.

  • permalien Jordi Grau :
    3 juin @17h24   « »
    Les "bons élèves de la zone euro"

    A Nathan

    Dans votre avant-dernier message, vous présentez l’Allemagne comme un "bon élève de la zone euro". L’Allemagne est certes un bon élève : elle a bien retenu la leçon ultralibérale qu’on inculque aux "élites" dirigeantes depuis trente ou quarante ans. Le problème, c’est que cette politique de "baisse du coût du travail" (comme on dit élégamment dans certains milieux) est en grande partie responsable de la crise de la dette. Je vous recommande à ce sujet de relire les articles de Frédéric Lordon à ce sujet (Ce n’est pas la Grèce qu’il faut exclure : c’est l’Allemagne) ainsi que cet article de Costas Lapavitsas, que vous pouvez trouver sur le site du Monde diplomatique. On y trouve notamment cette analyse limpide :

    Contrairement à l’antienne selon laquelle des Etats indisciplinés auraient toléré la boursouflure de leurs dépenses publiques, la crise actuelle découle avant tout d’une perte de compétitivité des pays de la périphérie.

    Les pays de la zone euro se sont eux-mêmes assujettis à un sévère carcan : taux de change fixés, politique monétaire unique et discipline budgétaire imposée depuis l’extérieur. Dans ces conditions, les gains de compétitivité ne pouvaient plus provenir que du marché du travail — d’où l’actuelle « course au moins-disant salarial » (3). Avec un grand vainqueur, l’Allemagne, dotée d’un Etat suffisamment fort et d’un mouvement social suffisamment faible pour imposer une telle rigueur.

    Pour les autres, les pertes de compétitivité se soldent par des déficits de leur balance des comptes courants (4) — symétriques aux excédents affichés par l’Allemagne. Pour financer ces déséquilibres, les pays de la périphérie ont dû emprunter à l’étranger, un mécanisme huilé par la BCE qui mettait des liquidités peu coûteuses à la disposition des marchés. En conséquence, la dette — interne comme externe, publique comme privée — a gonflé démesurément.

    Je précise au passage que je n’exonère en aucune manière les gouvernements grecs de leur part de responsabilité. Par ailleurs, je ne suis pas du tout germanophobe. J’ai même plusieurs fois critiqué M. Lordon pour l’image de l’Allemagne - à mes yeux un peu simpliste - qu’il présente dans ses articles.

    Cordialement,

    J. G.

  • permalien Houcine :
    3 juin @17h34   « »

    Du Krach de 1929 à l´idée »Euratom - Euro !« 

    (la philosophie politique de Mendes-France)

    Nous avons vu comment la première guerre mondiale et Trotski (révolution en Russie tzariste), furent-ils imaginés et financés par les Warbourgs-, le Krach de 1929 ravageant l´Europe et virtuellement dépossédant toutes les banques américaines (Rockefeller : 80 %), voyant les Etats-Unis militairement impliqués en Europe, achevant leur intervention par les milliards de dollars de Marchal !

    Où se trouvèrent donc toutes ces sommes les plus colossales ?

    C´est »l´affaire Madoff« qui pourrait répondre à cette curiosité, en attente de comprendre la finalité de la crise financière, qui ne fait que faire basculer l´économie et les sociétés au sein d´ une autre virtuelle Union, née sur les cendres de celle des 6 et le programme Euratom.

    En accord et certaines circonstances dans lesquelles se sont développés certains événements : (1) l´hégémonie historique de l´Allemagne et la faiblesse de son voisin de l´Ouest-, (2) la méfiance partagés par les stratèges français et allemands-, (3) la renaissance de la puissance russe, longtemps dans la mire de l´Oncle Sam-, (4) la décolonisation exigée par les Etats-Unis ; ces circonstances ont conduit la France devenant membre du Club atomique ! Donc, n´étant qu´un pays affaibli (sans empire au Maghreb) et agricole, à travers de son appel aux projets communs avec son ancien adversaire, pour développer son industrie militaire, loin des soupçons allemands, elle a soutenu la création du marché commun, suivi par l´indépendance de l´Algérie et son premier essai nucléaire.

    Contre cette stratégie, l´Allemagne a manipulé les politiciens du Kremlin (Boris Eltsine - Gorbatchev), fait appel à d´autres pays, élargissant ce marché devenant espace des grecs, des espagnols et des portugais. Et plus tard, elle a admis de cohabiter avec la Pologne, la Romanie et les Tchécoslovaques, qui furent ses ennemis les plus virulents, sacrifiant son sacré Deutschemark, au profit d´un Euro qui pour le moment, il ne sert qu´à la faire opposer théoriquement aux Etats qui ont triché tout en maquillant leurs déficits intérieurs, en quête de former cette union, déjà contestée depuis son début et dont ses membres les plus faibles, ils veulent se refugier au marché des Euros bonds !

    Samya & Houcine__

  • permalien Houcine :
    3 juin @17h53   « »

    La Fiscalité, les Clauses de l´Anleih, les Euro-bonds et les mauvais élèves vus par les allemands aux coeurs les plus durs !

    http://de.wikipedia.org/wiki/EU-Anleihe

    Houcine__

  • permalien th M :
    3 juin @18h55   « »
    Lordon et son style : à lolo 2015 et Danielle

    "Je dois souvent relire plusieurs fois certaines phrases et presque les synthétiser pour bien en saisir le sens "
    et
    "trop long" ;

    Brrrrrr !

    Vrai ! c’est plus facile de lire un article de 600 signes comme ceux Nicolas Baverez ("économiste et historien", oubliant de mentionner ses autres employeurs) dans le Monde, avec ses articles garnis de confortables évidences qui vont de soi.

    Il faudrait donc résumer Lordon et aplanir, car ce qui est long et ce qu’il faut relire 2 ou 3 fois est critiquable.

    Tout cela en dit long sur le conditionnement à l’immédiateté et au "ce-qui-va-de-soi".

    Puis-je poser la question autrement :
    Est-il vraiment si simple et bref pour Lordon de déconstruire une pensée dominante ?
    Le lecteur doit-il être séduit parce qu’il ne s’est pas donnée de mal ?

  • permalien Jordi Grau :
    3 juin @19h34   « »

    Pour th M et autres contempteurs

    Bonsoir.

    Alors, comme ça, on n’aurait pas le droit de critiquer le style de M. Lordon sans devenir ipso facto un lecteur paresseux, encroûté par la lecture des articles faciles de l’ignoble Nicolas Baverez ? Permettez-moi de trouver ce genre de remarques simplistes et désagréables. On peut très bien, ne vous en déplaise, trouver que M. Lordon - tout brillant qu’il soit - serait parfois bien inspiré d’écrire de manière plus légère et plus claire. Penser ce genre de choses n’est pas forcément être un consommateur de pensée passif ou un crypto-néolibéral !

    En ce qui me concerne, je suis habitué de par mes études et mon métier à lire des textes difficiles : Hegel, Spinoza, Kant... La prose de M. Lordon est certes moins technique, plus aisée à comprendre et plus élégante que celle de ces philosophes, mais elle n’en est pas moins difficile à comprendre. Et je ne suis pas sûr que cette difficulté provienne uniquement du contenu. A côté de phrases claires et incisives - souvent drôles, d’ailleurs, ce qui ne gâte rien - on trouve des choses de ce genre :

    Pour qui voudrait l’argument sous une forme un peu plus détaillée, voire sous une forme un peu plus théorique, il faudrait invoquer, par image, la propriété de « non-ergodicité » propre aux trajectoires dite à « dépendance de chemin » (path dependency), propriété qui signifie qu’une trajectoire stochastique (l’étape n est un certain tirage aléatoire dépendant de l’étape n-1) ne peut plus, au bout d’un certain temps, espérer visiter tous les états initialement possibles, mais se trouve enfermée (lock-in) dans un sous-ensemble d’états de plus en plus restreint à mesure que le temps passe et que les étapes se succèdent. Cette métaphore mathématique (empruntée aux dynamiques qu’on nomme « processus d’urne ») s’applique plutôt bien à la construction européenne qui, au fil même de son processus de construction, s’est en effet progressivement enfermée dans une configuration institutionnelle durcie autour des principes néolibéraux, au point que la doctrine cristallisée est devenue consubstantielle à la structure elle-même.

    Même quand il essaie d’être pédagogue, M. Lordon perd parfois de vue les capacités de ses lecteurs... Cela dit, je ne lui jette pas la pierre. Je sais par expérience combien il est difficile d’avoir un discours à la fois clair et court, sans pour autant sacrifier quoi que ce soit du contenu.

  • permalien Oij :
    3 juin @19h50   « »

    Bonjour,
    j’aime beaucoup l’autre son de cloche que vous nous proposez M. Lordon, toutefois je regrette l’obscurité du style qui fait que le lecteur se sent un peu perdu. La clarté n’est pas l’ennemie de la profondeur et de la justesse argumentative. Bien au contraire.

  • permalien Oij :
    3 juin @20h00   « »

    entièrement d’accord avec vous Jordi Grau. th. M. est un brin arrogant (serait-ce la seule personne échappant au formatage médiatique ?). Qui plus est il se trouve qu’il est bien possible qu’un lecteur comme moi ne soit pas un fin connaisseur en économie et qui aimerait apprendre, notamment en lisant M. Lordon. Il se trouve en effet qu’un blog grand public comme celui-ci a aussi une fonction pédagogique (du fait de la non spécialisation de ses lecteurs). Il n’est alors pas honteux de simplifier pour le commun des mortels.

  • permalien Houcine :
    3 juin @20h33   « »

    Concernant les remrques portées contre le style Lodron, il faudrait admettre qu´à chaque auteur il y a une qualité de lecteurs.

    Ce n´est pas honnete de se meler à des thèmes qui pourrer dépasser la formation et le savoir de chacun !

    Cordialement

    Houcine__

  • permalien Houcine :
    3 juin @20h45   « »

    I - Un mariage d´intérêt entre ceux qui pensent désosser la vieille Europe !

    (Philosophie politique de Mendes-France)

    1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, propose à la République fédérale d’Allemagne (RFA) de « placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe » (déclaration du 9 mai 1950)

    1951, Signature à Paris entre la République fédérale d’Allemagne, la France, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et le Luxembourg du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA)

    1952, Les pays de la CECA signent le traité instituant une Communauté européenne de défense (CED), qui n’entrera jamais en vigueur, en raison du refus de l’Assemblée nationale française d’en débattre !

    1954, Les accords de Paris conclus entre l’Allemagne de l’Ouest et les trois pays occidentaux (France, Royaume-Uni, Etats-Unis) prévoient la restauration de la souveraineté de la RFA, y compris le droit de disposer d’une armée.

    1956, Traité franco-allemand sur la Sarre qui devient un Land de la RFA le 1er janvier 1957

    1957, Traités de Rome instaurant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom, 25 mars)

    1958, Rencontres entre le Chancelier Konrad Adenauer et le général de Gaulle, président du Conseil, à Colombey-les-deux-Eglises et à Bad Kreuznach. (14 septembre, 26 novembre]

    1962, Visite officielle du Chancelier Adenauer en France (5-8 juillet), visite officielle du président de Gaulle en RFA (4-9 septembre)

    1963, La France et l’Allemagne signent à Paris le traité sur la coopération franco-allemande (ou traité d’amitié franco-allemand, dit traité de l’Elysée) ainsi qu’une déclaration commune (22 janvier). A cette occasion est créée l’Office Franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ)

    1972, Signature à Paris de la convention concernant l’établissement de lycées franco-allemands et portant création du baccalauréat franco-allemand

    1973, Ouverture des relations diplomatiques entre la France et la République démocratique allemande (9 février)

    1975, Lors du 26ème sommet franco-allemand de Bonn, le Chancelier Helmut Schmidt et le Président Valéry Giscard d’Estaing, tous deux élus en mai 1974, insistent sur la coopération dans le soutien à l’activité économique (25-26 juillet)

    1980, Visite officielle du Président Giscard d’Estaing en RFA, création du secrétariat franco-allemand pour les échanges en formation professionnelle (SFA)

    1984, à Verdun, le Chancelier Kohl et le président Mitterrand rendent hommage aux soldats tombés durant les deux guerres mondiales.

    (à suivre)

  • permalien Houcine :
    3 juin @20h59   « »

    II- Mariage d´interet entre ceux qui pensent désosser la vieille Europe !

    (Philosophie politique de Mendes-France)

    1988, 25 ème anniversaires du traité de l’Elysée : signature d’un accord portant sur la création d’un haut conseil culturel franco-allemand.

    1989, Création de la brigade franco-allemande !

    1990, Conférence dite 2+4 (regroupant les deux Etats allemands et les quatre puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale)

    1991, Visite du président Mitterrand à Berlin et dans les nouveaux Länder de RFA (18-20 septembre)

    1992, les pays de l’Union signent le traité sur l’Union européenne (dit traité de Maastricht, 7 février) ; création de l’Eurocorps lors du 59ème sommet franco-allemand de La Rochelle.

    2000, Visite d’Etat du président Chirac en Allemagne qui s’exprime devant le Bundestag sur l’avenir de la construction européenne (26-27 juin)

    2001, lancement du processus de Blaesheim, programme de travail commun qui doit permettre la convergence des positions françaises et allemandes sur des questions comme l’élargissement de l’UE ou la politique agricole commune (31 janvier)

    2003, 40ème anniversaire de l’Elysée : les sommets franco-allemands sont désormais remplacés par des conseils des ministres communs, le 22 janvier devient dans les deux pays la journée de l’amitié franco-allemande

    5 juillet 2003, 40ème anniversaire de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ)

    18 septembre 2003, 2ème conseil des ministres franco-allemand à Berlin

    27 - 28 octobre 2003, Rencontre entre régions et Bundesländer en présence de 6 ministres-présidents et de 13 présidents de conseils régionaux à Poitiers

    22 janvier 2004, Première commémoration de la journée franco-allemande. Décidée lors du 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée, cette journée franco-allemande est un signal à l’adresse de la jeunesse.

    13 mai 2004, 3ème conseil des ministres franco-allemand à Paris

    6 juin 2004, Cérémonies franco-allemandes à la mémoire du
    60ème anniversaire du débarquement des forces alliées en Normandie.

    26 octobre 2004, 4ème conseil des ministres franco-allemand à Berlin

    10 mars 2005, Lancement du projet relatif à l’élaboration d’un livre d’histoire franco-allemand à l’issue des travaux préliminaires réalisés par un groupe de travail bilatéral. Le premier volume devrait paraître dans le courant de l’année scolaire 2006/2007. Deux autres volumes sont prévus.

    26 avril 2005, 5ème conseil des ministres franco-allemand à Paris

    14 mars 2006, 6ème conseil des ministres franco-allemand à Berlin.

    2008, Début des mauvaises ententes (crise financière, difference des interets !)

    2010, l´Allemagne tourne le dos, les petits crient : au secours ! La France fait semblant d´appaiser les mécontentements !

    Houcine__

  • permalien Oij :
    3 juin @21h30   « »

    @ Hocine

    A chaque auteur une qualité de lecteur ?

    vous êtes sérieux ?

    par exemple, doit-on dire que seuls des philosophes doivent lire des philosophes ? Des économistes les économistes ? Les penseurs, les bourgeois éduqués ? Et puis les autres ? On les laisse se contenter de lecture "populaire". Et les idiots comme moi, incapables de comprendre M. Lordon, devraient passer leur chemin et lire des choses à leur portée ? L’honnêteté serait de ne parler que de ce dont on a la maîtrise ?

    N’est-ce pas là une attitude un brin mandarinal ?
    et comme vous ne cessez de parler de démocratie, une remarque : la revendiquer en sa radicalité, c’est en appeler à la compétence des incompétents, à une souveraineté populaire donc, ce en quoi je tombe d’accord avec M. Lordon.
    Bien à vous.

  • permalien aliena :
    3 juin @21h49   « »
    Vous êtes un "Austerien" a votre insu

    "elle affiche un déficit de 4,1 points de PIB et une dette publique de 87,2 points de PIB à la fin 2011"

    Ce que vous considérez comme positif est en fait négatif et accentue la déflation.
    La dépression actuelle ne peut être contrée que par la dépense des gouvernements (par la dette et le déficit public). Il n’y a pas d’autre issue. Elle est déjà contrée par les stabilisateurs automatiques qui poussent mécaniquement le déficit et la dette publique toujours plus haut pour éviter la contraction économique.
    Les politiques d’austerité essayent de reduirent ces deficits mais ne peuvent y parvenir, pas dans le cadre d’une crise financiere globale.

    “the Treasury would be issuing securities not because it needs cash, but because market participants need securities.”
    ("Le Trésor devra émettre des bons du trésor non pas parce que l’Etat a besoin d’argent mais parce que les marches financiers ont besoin des bons du Tresor")

    http://www.newyorkfed.org/research/...

    http://alienaeconomics.blogspot.com/

  • permalien Houcine :
    3 juin @22h15   « »

    @Oji

    Il ne faut pas se fâcher ! Il ne s´agit pas de démocratie !

    Par chaque auteur ses lecteurs, je voulais dire qu´on ne peut pas comprendre, si on n´a pas une base qui nous place à la hauteur des sujets exposés, comme dans le cas de la crise financière qui actuellement secoue le monde.

    En accord et mes humbles connaissances en sciences économiques, j´ai tenté de localiser l´origine de cette crise qui n´est qu´un autre jeu de Casino, escroquant les salariés et les différents épargnants, forçant les pauvres à financer cette crise par serrer les ceintures et faire triompher la mondialisation, dont le sommet sera toujours occupé par les plus fortunés. Sans certaines références, comment aurais-je pu comprendre les thèmes de cet examen ? Pour mieux m´expliquer, à propos de ce sujet, il ne s´agit pas de savants et d´ignorants ! C´est une question d´option culturelle, déterminant le domaine de chacun. En littérature, vous pouvez aimer Ahmed Amine, je préfère Taha Hussein ! Certainement, comme nous, vous avez remarqué que les plus virulents sur ce Forum, s´agissant du monde de la philosophie politique, dans leur majorité, ils ont préféré ne pas aborder ce sujet qui est vraiment tellement compliqué et n´a rien à voir avec la simple question linguistique !

    Toutefois, Votre participation sur ce Forum, elle vous situe là où c´est bien appréciable.

    Cordialement

    Houcine__

  • permalien BA :
    4 juin @00h11   « »

    Dimanche 3 juin 2012 :

    La chancelière allemande Angela Merkel souhaite que l’Espagne ait recours au fonds de soutien de la zone euro (FESF), craignant que le pays ne puisse résoudre seul la crise de ses banques, selon le magazine Der Spiegel à paraître lundi 4 juin.

    Mme Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble veulent empêcher qu’après la Grèce, la crise de l’euro se renforce dans d’autres pays du sud de l’Europe, écrit l’hebdomadaire.

    M. Schäuble a fait pression sur son homologue espagnol, Luis de Guindos, lors d’une visite de ce dernier à Berlin mercredi, affirme encore le journal, précisant que le ministre allemand a souhaité que l’Espagne se procure de l’argent auprès du FESF afin de reconstituer le capital de ses banques.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/20...

    Le FESF va devoir intervenir pour sauver l’Espagne. Mais qui est derrière le FESF ?

    Réponse :

    1- L’Allemagne apporte au FESF une garantie de 211,045 milliards d’euros, soit 27,06 % du FESF.

    2- La France apporte au FESF une garantie de 158,487 milliards d’euros, soit 20,32 % du FESF.

    3- L’Italie apporte au FESF une garantie de 139,267 milliards d’euros, soit 17,85 % du FESF.

    4- L’Espagne apporte au FESF une garantie de 92,543 milliards d’euros, soit 11,86 % du FESF.

    En clair : pour sauver l’Espagne, le FESF va intervenir et va lui prêter 90 milliards d’euros.

    Mais le FESF est une coquille vide. Comme le FESF ne possède pas ces 90 milliards d’euros, le FESF va devoir les emprunter sur les marchés internationaux, pour pouvoir ensuite les reprêter à l’Espagne !

    L’Espagne est écrasée sous des montagnes de dettes. Et donc on va empiler des montagnes de dettes supplémentaires sur les montagnes de dettes qui existent déjà !

    Et on va continuer à croire que ces montagnes de dettes peuvent monter jusqu’au ciel !

  • permalien Stéphane :
    4 juin @01h24   « »

    À quand votre prochain bouquin ?
    Sur les mathématiques ?
    Merci pour votre vulgarisation des mathématiques avec le paragraphe sur la philosophie politique qui a conduit à la construction européenne actuelle.
    Merci pour vos rappels politiques. Mendès-France m’était surtout pour les accords de Genève. Vos citations me le rendent plus stratégique.
    Merci pour votre lecture philosophique de la durcirsation de l’éducation à la rigueur budgétaire.
    Et dire que vous êtes chercheur en économie...spécialisé dans la finance ! Comment dit-on ?....Option littéraire ?
    Au plaisir de vous relire.

  • permalien th M :
    4 juin @10h09   « »
    La fausse solution du style simplifié

    à Jordi Grau

    Qui écrit :

    "on n’aurait pas le droit de critiquer le style de M. Lordon ".

    Si.

    Sauf que ce style est peut-être consubstantiel pour lui au développement de ses analyses ?

    Et aussi :
    Relisez honnêtement mon modeste mot sur ce blog :
    J’y critique juste ceux qui disent "trop long" ou "il faut relire 3 fois les phrases". Cela me parait sous-entendre "fatiguant"...

    Puis relisez ce que vous me faites dire...

    La reformulation/déformation que vous en faites est ennuyeuse.
    Car si d’un texte court en français banal, on peut déformer tant .... que dire des déformations à craindre d’un texte de Lordon ?

    Dorénavant, sujet-verbe-complément dans une phrase, et au présent, svp.

    En résumé, je voulais juste souligner la tendance -qui est aussi la mienne -à vivre dans l’immédiateté, et le bref, et le simple, et ce qui donne le moins de mal.
    L’allusion à Baverez, ou plus généralement aux journaux grand public faisant un visible effort de simplification, se voulait une mise en garde : On peut toujours écrire simplement "ce qui va de soi", pas forcément ce qui doit être érigé patiemment à l’encontre des idées reçues, comme tente de le faire F Lordon.

    Exercice pour la prochaine fois : rerédigeons en phrases courtes la passage de la Sonate à Vinteuil de Proust dans la "recherche du temps perdu" , pour le vendre dans la collection Arlequin en hall de gare...
    Et applanissons les montagnes, ce sera plus simple à gravir !

  • permalien Jordi Grau :
    4 juin @14h11   « »

    A th M

    Peut-être ai-je déformé vos propos. Mais ne faites-vous pas la même chose vis-à-vis de certains intervenants ? Si quelqu’un dit qu’il doit relire trois fois les phrases de M. Lordon pour le comprendre, ce n’est pas forcément qu’il lit seulement des articles indigents comme ceux de Nicolas Baverez. Je remarque d’ailleurs que vous enfoncez le clou en parlant maintenant de la collection Harlequin ! C’est un peu insultant pour ceux qui prennent la peine de lire les articles de F. Lordon, et osent se plaindre leur difficulté. Moi-même j’avoue avoir parfois un peu de mal, et cela ne veut pas dire que je recule devant toute difficulté intellectuelle.

    Mais venons-en à l’essentiel. Vous faites l’hypothèse que la difficulté du style de M. Lordon est consubstantielle au contenu même de ses analyses. Changer la forme, en somme, reviendrait à appauvrir le fond. Je ne suis pas sûr que cette hypothèse soit entièrement exacte. Récemment, j’ai lu un livre d’André Orléan, L’empire de la valeur. La prose de ce dernier est moins savoureuse, moins drôle... moins poétique pour tout dire que celle de F. Lordon. Mais elle a le mérite d’être plus claire - me semble-t-il - alors même qu’elle s’attache à expliciter des notions fort abstraites.

    Relisez, si vous le voulez bien, la citation du dernier article de M. Lordon que j’ai incorporée dans mon message précédent. Vous verrez là un exemple (peut-être unique, du moins je l’espère) d’une complication superflue. Pour faire comprendre le processus par lequel la construction européenne s’est imprégnée de façon irréversible le dogmatisme néolibéral, M. Lordon utilise une métaphore. En principe, le but d’une métaphore est de rendre plus accessible à l’esprit du lecteur un concept particulièrement abstrait ou complexe. Or, dans le cas qui nous occupe, il s’agit d’une métaphore empruntée aux mathématiques, et qui s’avère encore plus difficile à comprendre que la réalité qu’elle est censée imager. Évidemment, un cas isolé n’est pas forcément significatif... Mais il me semble tout de même que les plaintes de certains lecteurs ne sont pas seulement imputables à leur seule paresse - d’autant que ces mêmes lecteurs confessent par ailleurs avoir pour la pensée de M. Lordon la plus grande admiration.

    J’eusse aimé vous expliquer tout cela en une longue phrase unique, dans le style de Proust, mais le temps m’a manqué pour cette noble et passionnante entreprise. Une prochaine fois, peut-être...

  • permalien BA :
    4 juin @16h35   « »

    Lundi 4 juin 2012 :

    Pékin se préparerait à une possible sortie de la Grèce de l’euro.

    Le gouvernement chinois a demandé à des institutions telles que la banque centrale de présenter des plans d’urgence dans le cas d’une sortie de la Grèce de la zone euro, ont déclaré lundi à Reuters trois sources proches du dossier.

    Préserver la stabilité du yuan, augmenter les contrôles des mouvements de capitaux transfrontaliers et accélérer les mesures de stabilisation de l’économie intérieure pourraient constituer autant de mesures à l’étude, ont ajouté les sources.

    La Commission nationale de développement et de réforme, ainsi que l’autorité de tutelle du secteur bancaire ont également été sollicitées par Pékin, ont dit encore les sources.

    « C’est très urgent », a affirmé l’une d’elles. « Le gouvernement a demandé à tous les ministères d’analyser des mesures en cas de sortie de la Grèce de la zone euro et de présenter leurs propositions le plus vite possible ».

    http://fr.reuters.com/article/busin...

  • permalien tonton :
    4 juin @18h23   « »

    Eh bien, moi je trouve le style "succulent" et en parfait accord avec le fond. L’effort intellectuel est toujours bénéfique ; le cerveau est l’un des rares organes dont l’usage améliore le fonctionnement.

  • permalien Oij :
    4 juin @21h06   « »

    @ Houcine
    merci pour vos éclaircissements ; navré pour mon emportement.

    @ th. M. 

    prenons au sérieux en effet, comme le suggère Jordi Grau, l’hypothèse de la corrélation nécessaire entre la forme et le contenu. Elle impliquerait a minima qu’un contenu complexe se reflète dans une forme complexe et qu’un contenu simple donne lieu à une forme simple. Ainsi, Proust (qu’on peut d’ailleurs trouver ennuyeux au-delà du supportable sans être un fatigué du bulbe) aurait une écriture complexe car il a un fond lui aussi complexe. Donner à ce fond une forme simple reviendrait à l’appauvrir.
    Or, que dire de Sartre dont le style est simple et dépouillé ? Que dire de Schopenhauer et de son Monde comme volonté et comme représentation ? Ce dernier ouvrage, en effet, arrive à exprimer des thèses métaphysiques hautement spéculatives dans un style remarquable de clarté - ce qui n’implique pas pour autant qu’elle soient aisées à saisir. Car des idées peuvent être clairement exprimées, mais si elles sont contre-intuitives elles demeureront obscures au prime abord. Prenez comme exemple le paradoxe de Russell qui ébranla tout le monde des mathématiciens et des logiciens. Il est exprimé en une page, avec toute la clarté et la concision que l’auteur pouvait y mettre. Et pourtant voilà une idée difficilement saisissable.
    Bref, cher th. M. il est clair que vous ne soutiendrez jamais que Sartre, Schopenhauer ou Russell furent victimes de la culture de l’immédiateté, ni qu’ils aient publié dans la collection Harlequin. Consentirez-vous alors à reconnaitre que vous "mécomprenez" (pour être poli) les attentes de ceux qui, pour des raisons de confort et non de fatigue intellectuelle, mais aussi pour des raisons esthétiques (car je trouve qu’un texte spéculatif clair et "simple" est aussi beau, comme le néoclassicisme !), attendent davantage de clarté.

  • permalien baric :
    4 juin @22h05   « »

    Monsieur Lordon,
    Votre style est génial, j’adore, ne changez rien !
    Les commentateurs qui n’aiment pas n’ont qu’à apprendre le français.

  • permalien baric :
    4 juin @22h11   « »

    @Oij
    Vous confondez clarté et simplicité. Lordon est clair.
    Relisez 1984.

  • permalien Miluno :
    4 juin @23h47   « »

    Comme dans le commentaire de Edouard, je trouve que votre style nuit à la clarté de vos arguments. J’ai donc, comme lui, beaucoup de mal à vous lire. Par contre, je suis tout à fait d’accord avec vos analyses.
    Heureusement qu’internet existe et que des personnes comme Olivier Berruyer, Paul Jorion et vous même nous "décontaminent" et nous poussent à abandonner les médias "officiels"... !
    Encore merci !

  • permalien Paracétamol :
    5 juin @10h04   « »

    Comme le dit Oij le 3 juin @19h50

    "La clarté n’est pas l’ennemie de la profondeur et de la justesse argumentative. Bien au contraire."

  • permalien Houcine :
    5 juin @11h10   « »

    L´origine de la philosophie politique conduisant aux grandes mutations !

    En accord et Pythagore, la philosophie, elle est la recherche qui n´ implique aucune certitiude des penseurs, souvent `a la recherche de leurs vérités reflexives et en meme temps critiques `a propos de tout savoir. Dans ce sens, la politique concerne l´apareil de l´ Etat form´e par tous ceux qui s´acharnent `a gouverner. Parmi ceux qui ont brille dans ce domaine, c´est Machavelli. Quant `a ses reflexions, ils ont bien nourri notre temps, grace `a l´Oeuvre du Prince, revelant les secrets de la morale du Commandeur, lorsque les Medicis furent papes - politiciens de la Renaissance.

    C´est ainsi comment la politique est devenue psychologie experimentale, degageant des lois objectives, en quete de deduire des resultats, tels comme ils se presentent, face au reel et l´experience de chacun, en fonction et ces evenenements qui avaient marque l´esprit de Machiavelli `a Florenz du XV`eme et XVI`eme siecles, au cours desquels les Medicis avaient releve Soderini (1512) et qui avaient fait face `a Savonarola qui leur reprochait de n´etre qu´au service des riches. Desormais, `a son tour, Machavelli avait ete implique dans une supposee conspiration qui l´exposa au pire des chatiments !

    Ce conflit l´opposant `a l´absolutisme d´un homme d´Etat, il le forca `a se retirer, afin rediger ses Oeuvres : Discours sur la premiere Decade et le Pricnce qui avait servi `a le faire consilier avec Julien de Medicis et le pouvoir etabli par son Oncle Leon X.

    Machiavelli nageant contre courant, avant sa mort en 1527 et sous les contraintes de Clement VII (Jules de Medicis), il avait admis d´ ecrire l´ histoire de Florenz.

    Houcine__

  • permalien Houcine :
    5 juin @11h19   « »

    Le petit juif portugais qui a bien marque son epoque !

    http://de.wikipedia.org/wiki/Pierre...

    Houcine__

  • permalien Houcine :
    5 juin @11h24   « »

    Parmi les excellentes oeuvres du Brave Mendes-France, c´etait son opposition aux colonialisme et sa solidfarite avec l´independance du Maghreb !

    L´esprit des grands humanistes, il ne disparait jamais !

    Houcine__

  • permalien Th M :
    5 juin @11h36   « »
    Le faux débat de la critique du style

    @ Oij

    Je m’étonnais uniquement que l’on puisse critiquer quelqu’un en émettant juste un argument du genre "c’est trop long" ou "je dois relire trois fois les phrases"...

    Moi le premier je relis parfois plusieurs fois des phrases -et des textes entiers- et j’ai parfois du mal à comprendre du premier coup,... que le texte soit de Proust, de Sartre, ou autre Lordon...
    Quel est le problème ? C’est plutôt le compliment ultime à décerner à quelqu’un qui écrit, non ?
    Que vive le style de qui nous oblige à rester longuement éveillé pour appréhender ce qu’il veut nous faire saisir...

  • permalien Th M :
    5 juin @11h40   « »

    @ Oij

    Qui écrit :
    "un texte spéculatif clair et "simple" est aussi beau, comme le néoclassicisme !"

    Là j’avoue ne pas avoir compris.

    Néoclassicisme : alllusion aux alexandrins de Frédéric Lordon ?

  • permalien Houcine :
    5 juin @12h24   « »

    L´Univers des grands philosophes et les lois de leurs Finances !

    http://archive.org/stream/lesfinanc...

    Bonne lecture !

    Houcine__

  • permalien Houcine :
    5 juin @12h34   « »

    Les causes les plus visibles de la crise financiere de notre mauvais temps !

    http://www.politique.net/2008092703...

    Houcine__

  • permalien Oij :
    5 juin @12h40   « »

    @ th. M. 

    eh bien justement cher(e) ami(e), nous revendiquons le droit de dire "c’est trop long" ou "je dois relire trois fois". Mais je ne nie pas le plaisir qu’il y a, et que vous mettez en avant, à "venir à bout" d’un texte difficile. Mais ce ne peut être la norme car cela peut exclure bien du monde, surtout quand l’enjeu pour M. Lordon et tous les économistes atterrés est d’être entendus par davantage de monde - critère de la communicabilité et donc critère politique.
    Quant au critère esthétique dont j’ai fait part, il est davantage subjectif. Je m’explique : un texte "intello" me parait beau lorsque il privilégie, comme la peinture classique ou néoclassique, la clarté de la ligne, la simplicité géométrique. Le style néoclassique s’opposait au baroque et à ses éléments surchargés et excessifs. J’oserais presque dire que l’écriture de M. Lordon est baroque. Mais ce n’est là qu’une boutade.
    D’autres critères/arguments en faveur de la clarté/simplicité pourraient être avancés, notamment le fait, dont je suis persuadé, qu’une expression simple et claire est un meilleur canal pour une pensée juste. Et rien n’empêche de relire un texte clair car ses idées, encore une fois, ne sont pas nécessairement claires en elles-mêmes.

    et comme disait l’autre : "Ce que l’on concoit bien s’énnonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément."

  • permalien Houcine :
    5 juin @13h02   « »

    Comment profit-t-on des accords Schengen ?

    Politique de la Mafia : exodes Sud-Nord, trafique des drogues et des armes, prostitution, blanchiment d´argent, la crise economique, le chomage, la haine et la violence !

    http://www.liberation.fr/monde/0101...

    Houcine__

  • permalien Leens :
    5 juin @14h24   « »
    Ne changez rien à votre style

    Merci pour cette analyse décoiffante.

    Ne changez rien à votre style. La langue française est belle et vous en explorer délicieusement les ressources. Votre pièce est un petit bijoux.

  • permalien Nathan :
    5 juin @14h41   « »

    Oui bon, le style flamboyant de Frédéric Lordon est une chose mais il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt et qu’on ne se soucie plus du fond. D’abord, Lordon a des formules admirables comme par exemple lorsqu’il affirme que “les souverainetés démocratiques sont les variables d’ajustement des trouvailles financières” ou que le gouvernement des hommes est désormais soumis au gouvernement des choses. Ensuite sur le fond, Lordon est l’un des seuls à s’intéresser aux fondements des forces et des structures économiques qui nous assujettissent alors que les "experts" que l’on voit régulièrement à la télé ne font que jouer du pipeau et surfer sur des épiphénomènes.

    En simplifiant outrageusement, j’ai compris ceci. L’Allemagne, terrorisée par l’hyperinflation qu’elle a subie dans les années ’20-’30, laquelle a eu des conséquences dévastatrices pour le monde entier, a imposé son modèle aux autres pays de l’Euroland. Elle n’a accepté de renoncer à son sacro-saint mark et à sa Bundesbank qu’en forçant les autres à se soumettre à une discipline budgétaire rigoureuse (qui a vécu ce que vivent les roses lorsque la crise fut venue).

    Comme ça ne lui suffisait sans doute pas pour la mettre en confiance, l’Allemagne a persuadé les autres membres de la zone euro à s’ouvrir entièrement aux marchés des capitaux et par conséquent à subir leur tutelle avec les résultats dramatiques que l’on sait. Car les marchés ont sans doute une influence correctrice mais aussi grégaire, amplificatrice et carrément punitive. Et c’est désormais eux qui dictent leur loi aux nations autrefois souveraines.

    Nonobstant, et malgré tous nos déboires actuels, l’Allemagne refuse de mutualiser l’ensemble des dettes des pays européens et de payer pour les autres ; et si un jour, elle serait forcée par les circonstances à s’y résoudre, ce serait au prix d’une discipline encore plus impitoyable, pouvant aller jusqu’à la création d’une instance supranationale ayant toute latitude et qui porterait son empreinte. Faut-il accepter ce diktat ? Faut-il accepter de vivre dans une Europe économique à l’image de l’Allemagne alors que les autres pays ont eu d’autres cheminements historiques et d’autres spécificités ? Peut-on encore trancher ce noeud gordien ?

    That’s the question !

  • permalien marco :
    5 juin @15h34   « »
    Appelez moi James !

    Appelez-moi James !

    Bond ou pas bond, les mesures prises ou envisagées pour éradiquer la crise financière et économique de 2007 restent et resteront sans effet positif.

    Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas demander au pyromane d’éteindre l’incendie qu’il a déclenché.
    Nous sortirons de cette crise à condition de virer et sanctionner les responsables, les fauteurs de trouble – FMI et banque mondiale, en tête, dirigeants politiques et conseillers –qui devront suivre une cure de désintoxication idéologique.
    A condition, également, d’abolir les traités iniques comme le traité de Lisbonne, les plans d’ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI et la banque mondiale aux pays en développement (PED) et maintenant à des pays membres de l’UE.
    Il faut inverser le fonctionnement que l’oligarchie a imposé aux peuples : privatisation des bénéfices, socialisation des pertes. Cette inversion est nécessaire à l’exercice de la démocratie.
    L’échec de la politique économique néolibérale est avéré. L’ONU reconnaît et dénonce cet échec dans « le rapport STIGLITZ » et propose une vraie réforme du système monétaire et financier international.
    Si nous, peuples du monde, ne voulons pas être réduits à l’esclavage, aux travaux forcés, à la pauvreté généralisée, nous devons mettre hors d’état de nuire cette clique de fanatiques qu’est la secte néolibérale.

    BOND ou pas bond, ce n’est pas la question.

    PS : Cher Frédéric, je vous trouvais plus en forme prosaïque dans des textes intitulés : « Ne pas détruire les banques : les saisir ! » ou « faut-il fermer la bourse ».

  • permalien BA :
    5 juin @15h44   « »

    Mardi 5 juin 2012 :

    L’Espagne, boudée par les marchés, se juge trop grande pour un sauvetage.

    L’Espagne a assuré mardi qu’elle "ne peut techniquement pas faire l’objet d’un sauvetage" en raison de sa taille importante, admettant toutefois que le moment de tension extrême qu’elle vit lui ferme l’accès aux marchés financiers.

    Le pays est la quatrième économie de la zone euro, dont il représente 12% du PIB total, contre seulement 6% pour l’Irlande, le Portugal et la Grèce réunis. Les plans de sauvetage de ces trois pays ont coûté respectivement 85 milliards, 78 milliards et 292 milliards d’euros... ce qui laisse augurer d’un coût encore plus élevé pour Madrid.

    Depuis la demande d’aide publique historique de 23,5 milliards d’euros formulée en mai par Bankia, troisième banque du pays par actifs, l’Espagne est au coeur des inquiétudes des marchés, les investisseurs craignant qu’elle ne puisse assumer seule ses obligations financières et doive demander une aide extérieure.

    Mais cela ne sera pas le cas, "entre autres parce que l’Espagne ne peut techniquement pas faire l’objet d’un sauvetage", a affirmé le ministre du Budget Cristobal Montoro.

    Ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître l’importance des turbulences actuelles : "ce qu’indique la prime de risque (surcoût que l’Espagne doit payer pour emprunter par rapport à l’Allemagne, ndlr) c’est que la porte des marchés n’est pas ouverte à l’Espagne, que comme Etat, nous avons un problème à l’heure d’accéder aux marchés, à l’heure de refinancer notre dette".

    Des déclarations inquiétantes à deux jours d’une émission obligataire très attendue, où Madrid espère lever un à deux milliards d’euros, sur l’échéance symbolique des dix ans notamment.

    http://www.boursorama.com/actualite...

  • permalien Pan :
    5 juin @18h24   « »

    Excellent ; mais le message en serait d’autant plus fort s’il était davantage lisible, et accéssible.

  • permalien Eric :
    6 juin @00h16   « »
    A houcine

    C’esr cependant en forgean qu’on devient forgeron. j’ai quitter l’ecole a 17 ans me formant moi-meme. Et le style de lordon ne me derange aucunement, meme si je dois m’accrocher, comme je l’ai toulours fait. Car tout jeune je ne pouvais supporter que pensers d’autui me fussent etrangere. ( pardonnez mes fautes qwerty.)

    D’autres part, votre analyse entre finance, crises et guerres est tres pertinente. Comment relancer l’economie sinon par la guerre. Reflexe helas non revolu

  • permalien Eric :
    6 juin @01h53   «
    a Marco

    Votre intervention est pertinente. ces institutions sont anti-democratique. Comme d’avantage de vouloir inscrire, du fait de M Merkel et de M Sarkozy, dans la constitution des Etats membres une limite budgetaire. Je voudrais que s’eleve la voix des constitutisalistes. Une constitution edicte les grands principes d’un Etat et de ses institutions ; non de faits conjecturelles. Comment dans ces circonstances un pays ou l’Europe pourrait entrevoir de grands projets d’infractuctures ! Pensons aussi aux catrastophes geologiques et non seulement a elles, mais egalement aux degats ecologique. Pour en revenir a l’Allemagne, celle-ci se tire une balle dans le pied, cela mettra peut-etre quelques temps mais avec nous elle sombrera comme le cuirrassier Bismarck.

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